"Adieu ma honte". C'est un titre de livre qui sonne comme une libération. Ainsi s'intitule le témoignage autobiographique poignant de l'ancien footballeur Ouissem Belgacem. Avec cet ouvrage qu'il est venu présenter ce 4 mai sur le plateau de l'émission Quotidien, le sportif brise un tabou, et pas des moindres : l'homosexualité - et l'homophobie - dans le foot.
Natif d'Aix-en-Provence et formé au Toulouse Football Club, le sportif a plaqué le football à 19 ans. Le résultat de pressions qu'il relate enfin aujourd'hui, à l'âge de 33 ans.
Car si Ouissem Belgacem était ce que l'on appelle un véritable "espoir" du ballon rond, le climat d'homophobie ordinaire de la sphère où il a pu graviter, celle des matchs et des vestiaires, des chants de supporters et des tribunes, l'a vite fait complètement déchanter. "Quand j'ai intégré le centre, j'étais en mode 'je refoule autant que je peux tout ce qui se passe'. Je ne savais pas, à l'époque, que tous les gens autour de moi avaient tort d'être si homophobes, je pensais que c'était moi vraiment qui était dans le mal", développe-t-il face à Yann Barthès.
Durant le talk show, Ouissem Belgacem a narré comment il s'est exercé à "rentrer dans le moule". Voire même, raconte-t-il à "s'hétérosexualiser" de force. "Tout me ramenait au fait que c'est mal d'être comme je suis", déplore-t-il, évoquant une "négation de soi" et un profond "mal-être" douloureux. Des paroles rares et essentielles.
"J'étais à un moment donné un petit peu comme une bête coincée. Quand on est rejetés de tous les côtés, on sort les griffes et j'en suis venu à commettre des choses qui, pour moi, sont irréparables, comme rejoindre une brigade anti-gays", témoigne encore le footballeur. Ouissem Belgacem explique ainsi avoir déjà agressé des homosexuels en compagnie de ses coéquipiers afin d'être perçu comme "l'un des leurs". Et le sportif de conclure : "Si tu fais ça, forcément, si tu les détestes à ce point [les homosexuels, ndlr], c'est que tu ne l'es pas."
Mais l'homophobie ne s'arrête pas à l'extérieur des stades, loin s'en faut. "A l'époque, 'sale p*dé', c'est l'insulte numéro une sur un terrain de foot", poursuit en ce sens le sportif. Des injures normalisées encore qualifiées de "folklore" par bien des voix du milieu, qu'ils soient professionnels ou supporters. "Sale pédé, c'est aussi ce que j'ai le plus entendu dans les vestiaires", affirme-t-il encore sur le plateau de Quotidien.
Aujourd'hui, il en appelle à un éveil global des consciences. A savoir, à une meilleure vigilance concernant cette haine ordinaire, bien trop tabou dans le milieu sportif, et notamment dans le foot. Une normalisation qui peut briser des destins, comme le sien. "L'homophobie m'a empêché de tenter ma chance à 100%, ça m'a consumé de l'intérieur, ça m'a éteint. J'étais obsédé par le fait de changer", détaille à ce titre Ouissem Belgacem.
Et d'interpeller tous ceux qui s'identifieraient à son discours : "On ne peut pas changer son orientation sexuelle : c'est une vie malheureuse qui nous attend tant qu'on ne s'accepte pas". Conclusion de l'invité ? "Peut-être que le prochain Zidane est gay, mais on le saura jamais si le milieu reste si homophobe".