Avec plus de deux millions de vues en une journée à peine, la dernière vidéo d'Amixem, le huitième plus gros YouTubeur de France, est déjà un succès. Son concept ? Tout est dans le titre : "on teste des campings notés une étoile !". Aux côtés de son sempiternel comparse Thomas Deseur, comédien et humoriste, le vidéaste et créateur de contenus aux plus de huit millions d'abonnés fidèles (excusez du peu) enchaîne les lieux de vacances pour le meilleur... Et le pire.
Le pire, c'est cette gérante que les deux amis vont rencontrer afin de pouvoir s'installer. Floutée à l'image, celle-ci leur affirme qu'il n'y a pas de réservation au nom qu’ils ont donnés. Assertion niée par l'équipe de production de la vidéo (contactée par téléphone) qui confirme qu'il y a bel et bien une réservation. On le comprend en vérité, ce qui gène leur interlocutrice, c'est qu'elle s'attendait à un couple, car... La réservation a été faite par une femme. "Un couple, une fille, et un garçon", décrit-elle alors devant le visage pour le moins interloqué des deux vidéastes.
Ceux-ci lui demandent innocemment : "mais ça vous dérange d'avoir deux garçons ?". Inutile de vous faire un dessin.
Et insistent poliment : "Mais vous voulez pas de nous ?" "Bah je sais pas euuuuh...". Tout au long de cet extrait à la musique pourtant guillerette, on sent le malaise s'installer : tandis que les mensonges de l'interlocutrice s'accumulent, face à la fausse insouciance d'Amixem et de Thomas, s'énonce quelque chose de bien trop familier... L'homophobie.
Sous ces airs de comédie de situation, cette scène est plutôt triste en vérité. "Amixem, l’homme qu’il est… j’aurais pas survécu autant de temps ! Surtout à partir de la phrase : un couple, c'est un homme et une femme", a commenté un internaute en relayant la séquence. Multi partagée sur Twitter, celle-ci a beaucoup, beaucoup fait réagir...
Phénomène curieux : de simple vidéo humoristique visant à divertir, "On teste des campings notés une étoile !" est devenue... Le témoignage en images d'une homophobie ordinaire bien présente en France.
Qui s'exprime ici par les hésitations et les curieuses réflexions de la gérante de camping. Et cela, ça n'a pas échappé au public d'Amixem. Qui a abondamment commenté cet extrait : "La réaction d'Amixem est superbe. En France, on se fait encore tuer et agresser à cause de l'homophobie hein ça n'a pas baissé ni disparu et la honte n'a pas changé de camp non plus !", " on est encore en 1854 là ???", "la vidéo d’Amixem c’est dingue, on ressent l’homophobie, Mado on va demander à tout les homo lesbienne etc de France de venir réserver chez vous !"
Et cela ne s'arrête pas là.
"Comment il essaie de lui faire avouer son homophobie à la meuf, Amixem dans mon cœur toujours", se réjouit un autre "viewer". "Pas le plus grand fan d'amixem, mais ce passage c'est gros respect sur lui quand même", "La dernière vidéo d’Amixem ça nous rappelle juste que l’homophobie est très bien présente dans notre société et que ça fait extrêmement mal de l’entendre encore et toujours".
L'an dernier, le nombre d'agressions physiques LGBTIphobes signalées à SOS homophobie a augmenté... de 28 %. Violences (verbales, physiques, sexuelles) qui touchent les gays, les lesbiennes, les bis, les trans, et vont de l'agression physique aux "simples" sous-entendus homophobes (comme dans cette vidéo). Pour cette enquête, SOS Homophobie s'est attardé sur les témoignages recueillis de 1 506 personnes concernées.
Dans les commentaires YouTube encore, les témoignages de personnes concernées s'alignent et retentissent : "Une petite dizaine d'années que je regarde Amixem et je n'ai aucun souvenir de l'avoir vu aussi sérieux qu'avec cette dame homophobe !! On a pas l'habitude de voir ce côté de sa personnalité, le fait de lui avoir tenu la grappe pendant 2 minutes c'était majestueux ! A 2 doigts de passer par-dessus le comptoir pour la cramponner le maxime ! J'exagère mais gros respect à toi Amixem, merci pour cette séquence et force à vous ami(e)s gays".
L'intelligence du YouTubeur est de ne jamais désamorcer le malentendu - le fait que les deux amis soient pris pour un couple gay - afin de mieux mettre en lumière, l'air de rien, les idées très "arrêtées" (mais arrêtées, littéralement, des siècles plus tôt) de son interlocutrice, qui va s'empêtrer dans ses préjugés. C'est, quelque part, un grand moment.
Mais faut-il en rire... ou en pleurer ?