"J'ai été déshumanisée !"
L'espace d'un post TikTok bien cinglant, Coralie Mau a dénoncé en vidéo l'attitude abjecte des anonymes sur les réseaux sociaux, la noyant sous un flux de messages sexistes et sexualisants. Si vous n'êtes pas un habitué du célèbre télé crochet, rappelons que la jeune femme est un visage très familier de l'émission N'oubliez pas les paroles. La mélomane est même parvenue à se hisser au plus haut du podium des interprètes chers à Nagui : elle est carrément entrée en 2019 dans le top 5 des meilleurs candidats de l'émission avec pas moins de 52 victoires successives.
Mais c'est un récit bien moins idyllique que dépeint désormais la chanteuse. Une réalité qui se passe en dehors des caméras et suscite la nausée.
A savoir ? La quantité de commentaires misogynes décrivant son attitude, son corps, la sur-sexualisant, hommes qui ont parfois le double de son âge et évoquent tour à tour sa poitrine, ses jambes, ses pieds... Une certaine idée de l'enfer pour celle qui à l'époque n'a que 27 ans.
Florilège du pire : "chaque jour, raccourcis de cinq centimètres le bas de ta robe, voilà un nouveau challenge pour toi", "votre tenue est austère et masque votre belle silhouette", "ose une robe très courte avec un décolleté léger afin de laisser deviner tes formes", "tu as de très jolis pieds", "je vous regarde Coralie, et pas que tendrement".
Mais encore : "Coralie, je vous désire, et même pire".
"C'est une oppression et une violence en continu, il faut avoir le coeur accroché", déplore-t-elle encore en commentaires. "Je ne me 'bats' pas, je témoigne juste pour sensibiliser... Je n'étais clairement pas consentante pour lire des immondices pareilles".
Dans les commentaires justement, les soutiens affluent : "Moi je ne suis absolument pas sidérée par ses commentaires car malheureusement nous y avons aussi eu droit en tant que femme dans la rue dans les bars au bureau sur les réseaux sociaux... donc je ne peux que comprendre ta colère et ton dégoût je te soutiens à 100 %", "le pire est que toutes les femmes exposées sur les réseaux ou à la tv doivent recevoir ce genre de messages horribles", "je serais toujours choqué de ce que les gens se permettent derrière un écran", "Je suis désolée que tu aies reçue ce genre d'horreurs, c'est affreux"
Tant et si bien qu'une autre candidate témoigne !
Effectivement, une autre participante au célèbre télé crochet de Nagui a décidé elle aussi de briser le silence sur les ravages de la misogynie en ligne. Des prises de parole rares sur un sujet trop peu abordé.
"Je suis passée beaucoup moins longtemps que toi (15 émissions)", détaille la participante en commentaires de cette vidéo. "...et perso j'ai même eu droit à un gars pas loin de chez moi qui a trouvé mon numéro de téléphone etc... Les gens vont loin". On comprend que tout cela peut dépasser le stade du cyber harcèlement sexiste.
Quand on constate l'étendue du harcèlement misogyne en général, celui que subit depuis des années la streameuse Ultia par exemple (qui a confronté certains de ses harceleurs lors d'un récent procès), on est hélas peu étonné que les commentaires sexistes en ligne soient parfois "simplement" les prémices d'intrusions au plus près de la victime. Ces témoignages démontrent que cette misogynie s'insinue partout, jusqu'à la réception des émissions de divertissement.
"Je suis effarée, je tombe des nues. J’étais loin d’imaginer que les candidats pouvaient recevoir à ce point des messages si deg… Je suis sincèrement désolée pour toi, force et courage", peut-on encore lire en guise de retours. "Je suis désolée pour tous ces messages répugnants. Jusqu’où faudra-t-il aller pour que toutes ces violences cessent ? On est ensemble, courage", "Courage. Et merci pour ton témoignage. Nous, les hommes, un tant soi peu deconstruits, ça nous donne la force de péter tout ça. Ce n'est absolument pas acceptable..."
Et aujourd'hui ? Et bien, Coralie Mau a été suffisamment courageuse pour témoigner. Ce qui, quand on lit certaines remarques qui cachent à peine un victim blaming bien nauséeux, est un acte de bravoure. Pour rappel, le victim blaming, c'est le fait de faire culpabiliser la victime en jugeant son attitude, ses paroles, en la remettant en question. Un phénomène qui contribue énormément à ce que l'on appelle : la culture du viol.
En parallèle, l'oratrice prend du recul.
"Ça va mieux en prenant de l'âge et en ayant quitté la médiatisation télévisuelle", témoigne encore l'ex candidate.