






Depuis sa sortie le 13 mars sur Netflix, cette nouvelle série connaît un succès fulgurant. C'est le portrait sans filtres d'un jeune misogyne radicalisé, au point d'être devenu meurtrier.
Adolescence est une mini-série en quatre épisodes de 50 minutes chacun, réalisé par Jack Thorne et Stephen Graham. Acclamée par la critique pour sa réalisation et son jeu d'acteur, le programme est également impressionnant tant il aborde d'un nouvel oeil un sujet brûlant au sein de notre société : la masculinité toxique et la violence des hommes envers les femmes.
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Le scénario est tragique : Adolescence raconte l'histoire d'un adolescent de 13 ans (nommé Jamie Miller), accusé du meurtre d'une fille de sa classe (Katie). Les quatre épisodes montrent les répercussions de cet événement sur l'entourage du jeune homme, mais aussi sur une psychologue et sur l'inspecteur chargé de l'enquête. Tous cherchent à comprendre comment un garçon de 13 ans a pu en arriver à poignarder une fille de son âge.
La série haletante et filmée en un seul plan séquence met particulièrement en lumière l'influence de la culture "incel" et de la masculinité toxique sur les jeunes hommes, qui se radicalisent de plus en plus.
Pour rappel, les "incels" sont des "célibataires involontaires" qui revendiquent leur misogynie et le fait de vouloir faire payer aux femmes leur célibat. Jusqu'à tuer.
Dans Adolescence, on voit par exemple que Jamie a souscrit à une règle commune aux "incels" : "la règle des 80/20". Celle-ci consiste à dire que 80 % des femmes sont attirées par 20 % des hommes et que les femmes ne recherchent que les hommes physiquement et socialement désirables.
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Le magazine Grazia UK dédie un article à la série et estime que celle-ci "explore (...) comment les jeunes garçons sont influencés par des idéologies misogynes et comment les filles et les femmes finissent par en payer le prix." Et de poursuivre : "Ce qui distingue cette série, c'est que ce sont les hommes qui mènent la conversation. Trop souvent, la responsabilité de la lutte contre la violence masculine incombe aux femmes."
C'est ce que confirme Jack Thorne, le coauteur de la série. Dans une interview accordée le 11 mars à la chaîne Channel 4 News, il a déclaré : "Ce que nous étudions vraiment, c'est la rage masculine, comment les garçons deviennent des présences toxiques".
L'influence de cette culture de l'"incel" sur les adolescents est particulièrement sournoise, puisqu'elle échappe bien souvent au regard des parents. C'est ce qu'évoque également la série, comme le souligne la journaliste de Grazia :
Dans Adolescence, nous voyons à quel point les écoles ne sont pas préparées à aborder ces questions. Tout au long du film, nous voyons à quel point les parents de Jamie sont pris au dépourvu.
Adolescence ne se contente pas de raconter une histoire saisissante et dévastatrice, elle sert de signal d'alarme. La rage masculine, la radicalisation des jeunes et la misogynie ne sont pas des concepts abstraits. Ils ont des conséquences concrètes, et si nous ne nous y attaquons pas de front, nous continuerons à voir le cycle tragique se répéter.
Dans un article publié sur le média The Conversation, le 18 mars, deux spécialistes de l'éducation vantent les mérites du programme. Selon elles, celle-ci "met en évidence une chose : les adolescents d'aujourd'hui vivent dans un monde en ligne que les adultes, aussi bien intentionnés soient-ils, sont incapables de comprendre s'ils ne les écoutent pas." Un constat glaçant mais bel et bien réel.