"La mère est une femme, le père est un homme". C'est ce que décrète aujourd'hui un amendement de la charte fondamentale validé par la majorité des députés au Parlement hongrois. Comme l'énonce l'AFP, une série de nouvelles mesures vient durcir (encore plus) une législation déjà largement LGBT-phobe en inscrivant la notion de "genre" dans la Constitution du pays, mais aussi en limitant l'adoption aux couples mariés hétérosexuels.
Des initiatives qui ne font que restreindre les droits des personnes LGBT+, droits apparemment perçus par les députés comme de "possibles interférences idéologiques" qui viendraient bousculer un idéal établi : non-progressiste, chrétien, constitutionnel, hétéronormé, comme le détaille encore l'AFP. Le principal argument de ces nouvelles mesures ? "Protéger l'enfant" et garantir son "développement serein".
"Nous sommes profondément attristés par la décision du Parlement. Soutenons les personnes qui défendent le droit à vivre dans la liberté, la dignité et l'égalité en Hongrie", a réagi l'ONG Amnesty International, qui voit là "un jour sombre pour les LGBT et les droits humains", poursuit-elle l'espace d'un communiqué officiel.
"Les enfants LGBTI seront forcés à grandir dans un environnement les empêchant d'exprimer leur identité, et des enfants partout en Hongrie seront privés de familles sûres et aimantes, car l'adoption sera réservée aux couples hétérosexuels mariés", déplore encore Katrin Hugendubel, la directrice des actions de plaidoyer de l'ILGA, l'Association internationale lesbienne et gay. La directrice voit en cette restriction des possibilités d'adoption, opprimant les couples non-mariés et non-hétérosexuels, "une loi discriminatoire, homophobe et transphobe"
"Cette manoeuvre visant à adopter ces nouvelles dispositions discriminatoires s'inscrit dans le cadre d'une attaque continue des autorités hongroises contre les personnes LGBTI", fustige également Katrin Hugendubel. On ne peut dire mieux. En mai dernier, le Parlement hongrois a officiellement interdit la reconnaissance à l'état civil du changement de sexe des personnes transgenres. Et en 2019 déjà, le président du Parlement hongrois Laszlo Köver affirmait sans complexe son homophobie : "d'un point de vue moral, il n'y a pas de différence entre le comportement d'un pédophile et [une personne homosexuelle] qui demande l'adoption", déclarait-il.
"Nous sommes très inquiets pour la santé et la sécurité des enfants et adultes transgenres en Hongrie dans un climat si hostile", a achevé Masen Davis, directeur exécutif de l'organisation non gouvernementale Transgender Europe. Le directeur interpelle aujourd'hui la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Et lui demande "d'aborder les droits des parents LGBT, mais aussi les tentatives d'invisibiliser les enfants d'identités de genre diverses". Ou comment tirer la sonnette d'alarme à l'heure où lesdits droits se réduisent à peau de chagrin.