Faire son coming out n'est jamais simple.
Economiste et haute fonctionnaire, femme politique de gauche, Lucie Castets peut en témoigner. L'ex diplômée de Sciences Po et spécialiste des politiques budgétaires avait effectivement fait son coming out lesbien dans les pages de Paris Match en août dernier. La haute fonctionnaire avait abordé son épouse et la crainte de voir la pression médiatique mettre à mal son quotidien.
Et cela a suscité les réactions les plus déplacées sur les réseaux sociaux, et à la télévision. Voire des commentaires de haine pure. Au Monde, la femme politique lesbienne explique aujourd'hui, au lendemain de la Journée de la visibilité lesbienne : "C’est d’une très grande violence ces gens qui disent “on s’en fout”... Le simple fait de le clamer est le signe qu’ils ne s’en foutent pas vraiment !"
"Lesbienne ? On s'en fiche, c'est privé", "Ca ne nous regarde pas", "Aucun intérêt"... Vous les connaissez ces remarques qui se ressemblent toutes. C'est tout simplement une manière d'invisibiliser les femmes lesbiennes. De les exclure du champ médiatique, culturel, politique... Comme si tout cela ne nous "concernait pas".
Merci à Lucie Castets de le rappeler : l'intime est politique !
Tellement d'exemples l'illustrent...
Lucie Castets a raison de le signaler, tout le monde ne "s'en fout" pas, non, des femmes lesbiennes. En France d'ailleurs, seulement 37 % des lesbiennes ont fait leur coming out au travail, contre la moitié des hommes gays, comme l'a relaté un rapport détaillé de Sos Homophobie. Le faire, c'est déjà oser le faire...
"Un coming out, ce n’est pas de la publicité, ça apporte plutôt de l’hostilité qu’autre chose", poursuit Lucie Castets. On ressent l'expérience vécue. Et elle l'est par bien des paires sur la scène politique hexagonale.
On s'en souvient à ce titre qu'en 2021, la maire écologiste du 12e arrondissement de Paris Emmanuelle Pierre-Marie avait révélé sur ses réseaux sociaux les extraits d'une lettre qu'elle avait reçue, dont voici le contenu : "Avec la tronche que vous avez c'est sûr que les mecs vont pas se bousculer au portillon pour vous tringler. Mais foutez nous la paix, broutez vous le minou et fermez vos gueules. Salut les gouines !".
Tout un poème, n'est-ce pas ?
Rappelons ces mots d'Alice Coffin à Terrafemina sur le fameux débat "lesbienne ? on s'en moque, c'est privé" : "Comment dénoncer les problématiques si on refuse de les voir et de les nommer ?"
"C'est ne pas reconnaître qu'elles existent sous couvert d'un "on s'en fout". Il y a un déni général. C'est comme si les médias ne souhaitaient même pas commencer à en parler. Le mot "lesbienne" a en lui une autre résonance et met en panique les hommes. Il est davantage interprété comme un défi au masculin. Et ça, ça m'intéresse ! Le rejet de ce mot en dit long sur sa force"