C'est une Marianne d'un genre nouveau que l'emblème des Jeux olympiques de Paris 2024 met en scène. Un logo dévoilé ce lundi par l'organisation des JO qui explique dans les colonnes de 20 Minutes : "Dans un rond doré, symbolisant une médaille d'or, se dessine en creux la flamme olympique, toute en courbes et pointes. Et des lèvres à la base de la flamme laissent apparaître un visage stylisé, représentant Marianne, l'allégorie de la République française."
Et c'est là que le bât blesse. Rebecca Amsellem, fondatrice de la newsletter hebdomadaire Les Glorieuses, reproche au logo de mettre en scène une Marianne "hypersexualisée" et d'envoyer ainsi le mauvais message. Dans une pétition fraîchement lancée sur change.org, elle explique : "Le logo devait représenter une médaille, une flamme olympique et paralympique et la Marianne nationale. Il représente finalement une image objectivée de la Marianne, symbole de notre République : des lèvres parfaitement dessinée, une chevelure qui rappelle les personnages féminins des mangas."
Une façon de représenter Marianne qui n'est pas sans conséquences. "A cause de l'objectivation dont les femmes sont victimes (même quand elles sont censées être un symbole de la République), celles-ci apprennent dès leur enfance à internaliser l'importance du regard des autres sur leurs visages, sur leurs corps" écrit-elle dans sa pétition, avant d'ajouter : "L'objectivation récurrente des femmes fait partie des nombreuses violences que les femmes subissent dans notre société."
Elle qui aurait aimé "avoir un engagement fort contre une représentation sexualisée d'un symbole national et des femmes en général" demande aujourd'hui aux organisateurs des JO de revenir sur le logo : "Ce n'est pas une question de goût, c'est une question de représentation."
Sur Twitter, la façon de représenter Marianne ne semble pas plaire davantage. Une internaute écrit ainsi : "Vous êtes juste incapables représenter les femmes autrement qu'avec du rouge à lèvre, avouez-le. Jamais vu un logo aussi médiocre, peut importe le nombre de symboles que vous avez foutus dedans."
Des propos nuancés par Mathieu Lacout, graphic designer dans le milieu sportif interviewé par Le Parisien, selon qui "ce visage est vraiment dans l'air du temps. C'est très féministe. Jusque-là, on associait maladroitement le sport à la figure masculine". Il regrette néanmoins que le logo ne soit pas "assez iconique" mais reconnaît un parti pris novateur et culotté. Un avis qui ne semble pas franchement partagé sur les réseaux sociaux.