Avant de rentrer dans le vif du sujet, petite précision nécessaire : être féministe, c'est souhaiter et se battre pour l'égalité entre les sexes, tout en s'opposant aux rôles et autres clichés de genre. Reconnaître les différences, mais refuser de s'en servir à des fins sexistes. A partir de cette définition, chacun·e est à même de construire ses propres règles. Il n'y a pas de modèle de couple féministe, mais plutôt des clés pour arriver à un équilibre serein qui conviendra aux principaux et principales intéressé·es. Renverser la charge mentale et les tâches traditionnellement effectuées par les femmes. Donner autant d'importance au père qu'à la mère, autant de poids dans l'autorité et dans les décisions prises, autant de légitimité à s'occuper des enfants. S'assurer d'être traité·e d'égal·e à égal·e au quotidien, écouté·e et considéré·e. La description correspond à votre relation ? Tant mieux. Pour les autres, voici comment rectifier le tir.
Les Anglo-saxons ont un adage qui, à défaut de ne pas briller par sa finesse, est plutôt clair : "teamwork makes the dream work". Le travail d'équipe rend le rêve réalisable. On vous avait prévenu, le mantra est davantage calibré pour un post Instagram mielleux que pour un Pulitzer. Mais il dit vrai, surtout dans ce contexte. Par "équipe", on parle ainsi de vous serrer les coudes et d'encaisser les coups à deux. Affronter les obstacles malheureusement inévitables de la vie de couple comme quelque chose qu'il faut résoudre de concert rend l'affaire beaucoup plus supportable que si vous décidez de rester chacun·e dans votre coin. Côté routine, c'est pareil : essayez de diviser les corvées quotidiennes pour éviter les disputes et créer une véritable égalité. Et pour les moments de bonheur et d'allégresse, même combat, vivez-les ensemble, le plaisir n'en sera que meilleur.
Selon une étude de l'OCDE datée de 2016, 73 % des femmes se tapent toujours les tâches ménagères. Clairement, l'heure est au changement. Pour tenter d'éviter de sombrer dans le cliché, abordez le sujet quasi scolairement. Retrouvez-vous pour discuter de qui préfère faire quoi dans la maison, et départagez-vous le reste. On est d'accord, rares sont ceux et celles qui s'exclameront, enthousiastes, qu'ils ou elles adorent récurer les toilettes. Pareil pour la serpillière ou le remplissage du lave-vaisselle : ça gonfle tout le monde. Attendez-vous à faire des concessions et fonctionnez par roulement. Ce n'est pas parce que vous aimez cuisiner que vous devez vous retrouver aux fourneaux tous les soirs. Ce n'est pas parce que vous avez un sens plus aiguisé de la propreté que vous devez vous coltiner la vaisselle et la poussière cinq fois par semaine. Les corvées portent bien leur nom, personne n'aime les faire. L'important reste de ne pas être automatiquement attitrée à l'une d'elle à cause de son genre.
Vos inquiétudes, vos doutes, vos sentiments sont valides. Et s'ils peuvent parfois sembler exagérés, ils ne méritent surtout pas d'être tus - ce ne serait que les enfermer pour mieux les voir grandir. Dans un couple féministe, on donne à la communication et aux états d'âme de l'autre la place qu'on souhaiterait pour les nôtres. On ne les balaye pas d'un revers de phrase, on ne les écoute pas d'une oreille en laissant traîner la seconde vers une rediff' de Friends sur TFX. Formulez ce qui vous donne du fil à retordre pour mieux créer un climat sain où le partage émotionnel est le bienvenu. En vous confiant, en sentant que votre parole est entendue, vous encouragerez votre partenaire à faire de même. Et pourrez aussi trouver des solutions à deux (l'équipe, toujours) à des problèmes que vous pensiez perso.
Finalement, le propre d'un couple féministe reste d'établir des bases solides qui correspondent à notre époque. Et de mettre un terme aux schémas archaïques que l'on ne veut plus voir s'immiscer - consciemment ou non - dans nos relations. Et puis c'est aussi une bonne façon de voir si vous êtes réellement sur la même longueur d'onde. Mieux vaut tard que jamais.