
Le nouveau documentaire Netflix met en lumière les meurtres des Gilgo Four : entre 2009 et 2010, quatre jeunes femmes, Maureen Brainard-Barnes, Melissa Barthelemy, Megan Waterman et Amber Lynn Costello, ont disparu. Leurs corps ont été retrouvés en décembre 2010, à quelques mètres les uns des autres, le long de Gilgo Beach, à Long Island. Toutes étaient des travailleuses du sexe, âgées de 22 à 27 ans. Bien que leurs dépouilles présentaient des similitudes troublantes (ligotées de manière identique, certaines enveloppées dans de la toile de jute etc.), la police a mis des années avant d'élucider ces meurtres.
C’est plus de 10 ans après les faits qu’un architecte new-yorkais, marié et père de famille, sera arrêté. Ce seront finalement des preuves ADN, notamment des cheveux retrouvés sur les scènes de crime, qui auront permis d'identifier le serial killer Rex Heuermann. L’Américain est aujourd’hui inculpé pour les meurtres de sept femmes, toutes des travailleuses du sexe, disparues entre 1993 et 2010.
Le documentaire souligne les erreurs et négligences des forces de l'ordre qui ont entravé l'enquête pendant des années. Le chef de la police du comté de Suffolk, James Burke, a notamment refusé l'aide du FBI et a été impliqué dans un scandale de corruption (!), retardant ainsi les investigations. Pire encore, le documentaire révèle le triste sort des victimes : dans les médias, elles ne seront jamais appelées par leur prénom, mais simplement comme des prostituées.

Gone Girls ne se contente pas de retracer les faits ; il interroge également la manière dont la société perçoit et traite les travailleuses du sexe. En mettant en lumière les préjugés et la marginalisation auxquels ces personnes sont confrontées, le documentaire appelle à une prise de conscience collective. En effet, au moment de l’enquête, les forces de l’ordre n’ont pas interrogé d’autres travailleuses du sexe qui avaient à la fois des informations à leur partager et étaient elles aussi mises en danger par le serial killer. C’est grâce à la mère de l’une des victimes, qui a poussé la police à enquêter sur la disparition de sa fille, que de nombreux corps seront trouvés et que Rex Heuermann sera finalement arrêté.
Ce documentaire rappelle que la justice ne devrait jamais être conditionnée par le statut social ou professionnel des victimes, comme l’explique la productrice Liz Garbus : “Leur voix a été étouffée depuis si longtemps. Elles ne pouvaient pas aller voir la police parce qu’elles avaient peur d’être arrêtées et de ne pas être écoutées. Mais c’était les personnes qui avaient les meilleures informations.”

En documentaire poignant en 3 épisodes à retrouver dès maintenant sur Netflix.
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