Société
« La génération Y change les codes du travail »
Publié le 30 janvier 2012 à 17:51
Par Marion Roucheux
L'arrivée dans le milieu de l'entreprise des jeunes salariés de moins de 30 ans influe sur la façon dont l'équilibre entre vie personnelle et professionnelle s'articule. Mais cela modifie également en profondeur les modes de management. Entretien avec Emmanuelle Duez, Présidente et cofondatrice de l'association Women'Up.
« La génération Y change les codes du travail » « La génération Y change les codes du travail »
La suite après la publicité
Terrafemina : Vous avez organisé en décembre dernier un colloque sur la génération Y. Qu'avez-vous appris des représentants Y qui s’y sont exprimés ?

Emmanuelle Duez : Nous avons tout d’abord tenté de définir ce qu’était la génération Y. Suite à nos échanges et observations, je suis convaincue que plus qu’une génération déterminée par une tranche d’âge, nous parlons d’une culture commune. Nous avons ainsi pu noter que les salariés Y sont des personnes à la recherche d’objectifs contradictoires. Tout en ayant pour but ultime de s’épanouir personnellement, ils ont en parallèle trois critères principaux qui dirigent leurs actions : la recherche du plaisir, de l’argent et de la liberté. La recherche du bonheur sous-tend pour eux de réaliser ces trois objectifs. Reste que pour moi les Y se définissent également par une génération opportuniste, inventive et connectée. C’est à mon avis un mouvement de fond. J’ai envie de croire qu’il s’agit d’une tendance lourde, partagée par bien plus que des personnes âgées entre 20 et 30 ans.

TF : Vous avez abordé la question de la diversité avec les Y. Pensez-vous que leur intégration dans l’entreprise va modifier la perception des rapports hommes-femmes au travail ?

E.D : Il est certain que cette génération va impacter durablement la question de la diversité. La génération Y ne se comprend en effet plus au niveau collectif mais au niveau individuel. Chaque salarié dresse sa feuille de route personnelle : nous ne réfléchissons plus en termes d’homme et de femme mais en termes d’individu. Nous voyons en parallèle émerger des modèles différents dans l’entreprise : des femmes workaholic, des hommes pour qui la priorité n’est plus l’épanouissement professionnel mais la réussite de leur vie personnelle ; les frontières bougent. Je suis persuadée que l’arrivée de cette génération dans le milieu du travail va tendre à modifier considérablement la façon dont sont perçus les rapports homme-femme mais également la façon dont nous travaillons et réfléchissons.

TF : Justement, comment ces Y impactent-ils les modes de management et d’incentive ?

E.D : Il est évident que la génération Y change les codes du travail. Avant tout, les Y recherchent du sur-mesure et désirent passer avec l’entreprise un pacte individuel à chaque moment de leur vie. Autre point essentiel : il s’agit d’une génération à la recherche de sens. Si l’on parle de « génération du Why » ou du « pourquoi », c’est également la génération du « How », du « comment ». Ainsi, si ces jeunes salariés n’ont pas de problème particulier avec l’autorité, ils ont besoin pour obéir de comprendre, de connaître le pourquoi et le comment. Contrairement à leurs aînés, ils croient en la compétence prouvée et perçue et non plus dans les schémas hiérarchiques traditionnels. Ce qui demande de la part de l’entreprise de mener une politique de management adaptée à chacun, hyper-légitime, quasiment « à la carte ». C’est une génération en rupture, qui demande donc la mise en place de certaines ruptures dans l’entreprise. Côté motivation, au-delà des objectif cités plus haut, les Y sont à la recherche de reconnaissance, mais également d’autonomie et de challenge.

Le site de l'association Women'Up

Crédit photo : Hemera

VOIR AUSSI

Génération Y : le poil à gratter des entreprises
Reconnaissance au travail : mon travail est-il valorisé ?
Les nouveaux modèles de travail : quand bien-être rime avec compétitivité
Quand votre entreprise décide de vous chouchouter !

Mots clés
Société emploi jeunes entreprise travail
Sur le même thème
En salles : "Almamula", un film d’épouvante argentin très hypnotique qui se joue des codes du genre pour dénoncer l'homophobie et le puritanisme play_circle
Culture
En salles : "Almamula", un film d’épouvante argentin très hypnotique qui se joue des codes du genre pour dénoncer l'homophobie et le puritanisme
7 août 2024
Théâtre : on a vu "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" à Marigny, avec une épatante Bérénice Bejo
Culture
Théâtre : on a vu "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" à Marigny, avec une épatante Bérénice Bejo
14 octobre 2024
Les articles similaires
"Elle montre son uc et c'est de la faute du pouvoir des hommes ?" : au concert de ce célèbre rappeur, la présence de danseuses à moitié nues fait polémique play_circle
Société
"Elle montre son uc et c'est de la faute du pouvoir des hommes ?" : au concert de ce célèbre rappeur, la présence de danseuses à moitié nues fait polémique
13 janvier 2025
“L’utilité d’une femme est de donner accès au sexe à l’homme”, une influenceuse d'extrême droite fait l’apologie de la culture du viol play_circle
Société
“L’utilité d’une femme est de donner accès au sexe à l’homme”, une influenceuse d'extrême droite fait l’apologie de la culture du viol
19 décembre 2024
Dernières actualités
"Passe dans ma chambre d'hôtel, ça va être sympa" : cette "curieuse" proposition de Leonardo Dicaprio à une célébrité française play_circle
people
"Passe dans ma chambre d'hôtel, ça va être sympa" : cette "curieuse" proposition de Leonardo Dicaprio à une célébrité française
17 janvier 2025
« Tu peux te dire que c’est moi nue » : cette influenceuse victime de deepfake met en garde contre les dangers de partager ses photos play_circle
Société
« Tu peux te dire que c’est moi nue » : cette influenceuse victime de deepfake met en garde contre les dangers de partager ses photos
17 janvier 2025
Dernières news