Nathalie Ménez : L’arrivée de grands groupes internationaux en France n’est pas un facteur nouveau, mais la façon dont cela concoure à la globalisation de la culture d’entreprise si. Jusque-là, lorsqu’une entreprise internationale s’installait quelque part, la politique était plutôt de s’adapter à l’environnement local. On avait ainsi par exemple un Microsoft à la française, à l’italienne… Aujourd’hui, les méthodes se globalisent : les entreprises prennent le meilleur de leur culture et l’exportent dans leurs filiales. Cela, à mon avis, permet de tirer par le haut les évolutions du management mais également de l’aménagement des espaces de travail. Ces grands groupes, qui ont expérimenté et testé ces méthodes, deviennent des référents pour les autres : ils innovent, cassent les codes. Ce n’est pas pour rien que Google et Microsoft se retrouvent dans le top 10 des entreprises dans lesquelles les jeunes diplômés français souhaitent travailler. Cela force les autres sociétés, y compris les grands groupes à la culture plus traditionnelle, à imiter ces nouveaux modèles. Afin de suivre ces évolutions, les space planner ont dû adapter les espaces professionnels. Ce, entre autres, en apportant de la flexibilité pour les travailleurs nomades, en allongeant les horaires d’ouverture des locaux, en développant les outils de communication en interne…
N.M : Aujourd’hui, il faut pouvoir exercer son activité quel que soit le lieu ou l’heure. Cela n’a pas pour autant généré l’abandon des bureaux classiques qui jouent toujours un rôle prépondérant dans le maintien du sentiment d’appartenance à l’entreprise et dans les contacts sociaux entre les collaborateurs. Les bureaux traditionnels ont encore de beaux jours devant eux ! En parallèle, on ne lésine plus, malgré la guerre des mètres carrés, à dédier des espaces substantiels à des zones de convivialité et de communication. Il s’agit souvent d’espaces mixtes au mobilier confortable, qui font office d’espace café, détente, mais qui permettent également des réunions informelles. Tout est y est câblé, avec des prises réseaux pour permettre le travail. Les codes ont changé. Il est important de prévoir ces nouveaux types d’espaces, qui cohabitent avec des bureaux traditionnels pour les sédentaires et qui offrent la souplesse et la flexibilité nécessaires aux « mobile workers ».
N.M : La notion de confort varie selon les personnes et les entreprises. Reste que de plus en plus d’entreprises ont intégré les conditions de travail dans leurs priorités. Les nouveaux modes de travail que nous avons évoqués exigent beaucoup des collaborateurs. Comment peut-on alors leur demander d’être toujours mobilisés, sans offrir un environnement propice au maintien de l’équilibre vie professionnelle et vie privée ? Dans un contexte économique tendu, le confort des espaces de travail est une solution qui concoure notablement aux attentes des employés. Cependant, face au développement de ces nouvelles méthodes dans des lieux informels, il faut également veiller aux critères ergonomiques ; or nous n’avons pas encore assez de recul pour analyser l’impact physique sur les salariés de ces nouvelles méthodes de travail. À cet effet, chez Johnson et Johnson, nous travaillons en étroite collaboration avec le CHSCT du groupe et la médecine du travail afin de prévenir de potentiels nouveaux troubles.
N.M : Ces évolutions et aménagements vont bien au-delà de la recherche du bien-être au travail. Il y a évidemment un aspect commercial qui a pour but de renforcer l’image positive et dynamique d’une société. Les entreprises reconnues pour leurs innovations dans ce domaine le sont aussi car elles ont l’intelligence de communiquer autour de ce nouveau « savoir travailler » qu’elles mettent en place. Le fait qu’elles cassent les horaires et les habitudes, s’adaptent aux besoins de leurs collaborateurs, leur apportent une panoplie de nouveaux services, est un atout phare. Cela leur permet d’être attractives au moment du recrutement, en devenant un argument clef dans une période économique où la rémunération n’est plus forcément le critère sur lequel l’entreprise peut jouer. Et cela permet également de fidéliser leur personnel. Au final, tout le monde est gagnant.
Nathalie Ménez
Crédit photo : Digital Vision
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