Terrafemina : Pensez-vous qu’il y ait un lien entre le stress au travail et la vague de suicides en entreprise ?
Martine Giros : Oui, ce lien existe mais on ne peut pas le généraliser. Nous rencontrons des personnalités fragiles, mais ne se suicide pas n’importe qui. Il y a des profils psychologiques qui sont à risque, avec lesquels il faut redoubler de vigilance Pour ces personnes, les situations de stress au travail vont déclencher le passage à l’acte. Il y a aussi un effet de contagion assez dramatique.
Les salariés sont plus exposés au stress qu’auparavant ?
Les salariés sont bien plus stressés qu’avant. On leur demande toujours plus de performance, d’atteindre des objectifs très élevés. On exige d’eux davantage de mobilité alors qu’ils sont très peu préparés à ces situations. De plus, nous remarquons que les salariés sont moins armés, pour lutter contre ces situations pénibles au travail. Ils sont plus isolés, en manque de repères, en cause notamment, l’éclatement des familles.
Que préconisez-vous pour lutter contre fléau ?
Notre travail est fondamental. Nous devons être vigilant, repérer les personnes à risques, analyser les situations. Mais nous manquons cruellement de moyens. Nous avons besoin de plus de temps, d’effectifs, pour mener à bien nos missions et détecter les situations critiques. Et ce n’est pas le récent accord sur la médecine du travail qui va inverser la tendance. Il recule notamment de deux à trois ans la périodicité des visites médicales.
Des efforts doivent aussi venir du haut. Lorsqu’un patron s’implique dans son entreprise, se préoccupe de l’état de ses salariés, le climat professionnel s’améliore.