Selon une étude Aphekom réalisée entre autres dans neuf villes françaises (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse) et publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du Centre européen de l'environnement et de la santé de l'OMS, des centaines d’hospitalisations sont dues à une mauvaise qualité de l’air en zone urbaine chaque année en France. Les seuils de pollution à l’ozone et particules fines sont supérieures aux limites fixées par l’OMS : « pendant la période 2004-2006, le niveau moyen de particules fines (PM2,5) variait de 14 à 20µg/m3 selon la ville (…) La valeur guide journalière de l’ozone (maximum sur huit heures : 100 µg/m3) avait été dépassée de 81 à 307 fois pendant ces trois années ». Pour référence, l’Organisation mondiale de la santé a établi un seuil maximum de particules fines à 10µg/m3.
Patrice Halimi, chirurgien-pédiatre à Aix-en-Provence se montre inquiet des répercussions de la pollution automobile responsable de l’émission des particules fines : « On sait que les enfants vivant près des axes routiers ont 20% de chances de plus que les autres de faire de l’asthme », a-t-il expliqué à 20 Minutes. « Ces microparticules rentrent par le nez, irritent l’ensemble des voies aériennes supérieures provoquant des irritations comme les trachéites, des réactions comme l’asthme ou des infections respiratoires si elles empêchent que les secrétions s’éliminent normalement », ajoute-t-il. Ces particules fines ont également un fort potentiel « cancérigène ». Les personnes les plus vulnérables sont les femmes enceintes, les personnes âgées et les enfants. « Comme elles pénètrent jusqu’aux alvéoles, le bout des bronches, [les particules fines] passent dans les tous petits vaisseaux et dans la circulation sanguine, d’où un risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. »
D’après l’étude, « près de 360 hospitalisations cardiaques et plus de 630 hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes pourraient être évitées si les concentrations moyennes annuelles de PM10 respectaient la valeur guide de l'OMS (20 µg/m3) » et « une soixantaine de décès et une soixantaine d’hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes pourraient être évités si la valeur guide de l'OMS pour le maximum journalier d'ozone (100 µg/m3) était respectée ». Douze millions d’habitants des neuf villes étudiées pourraient voir leur espérance de vie se prolonger de 3,6 à 7,5 mois si les seuils de pollution instaurés étaient respectés. En 2013, l’Union européenne devrait revoir ses politiques environnementales pour une meilleure qualité de l’air.
Salima Bahia
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