En Iran, le mouvement féministe Femme, Vie, Liberté s'exprime malgré les menaces, fait entendre la voix des citoyennes privées de libertés élémentaires, et dénonce depuis deux longues années la mort suspecte de Mahsa Amini, étudiante Kurde iranienne. Celle-ci n'avait que 22 ans lors de sa disparition en 2022 suite à son arrestation par la police des mœurs iranienne. Le motif de son arrestation ? Ne pas avoir porté correctement le hijab. Un événement qui avait engendré une profonde mobilisation, dans les rues et sur les réseaux sociaux.
Mais un geste semble tout aussi important aujourd'hui : les soutenir !
Et cela, c'est ce sur quoi insiste la journaliste Mariam Pirzadeh sur les ondes de France Inter. La reporter de France 24 s'est alarmée des conditions de vie des Iraniennes, et des Afghanes. "On leur interdit de chanter, de faire du vélo, de faire de la moto, quasiment de divorcer...", s'est-elle alertée au micro, listant les indénombrables répressions dont souffrent notamment les Afghanes, sous le régime taliban...
"Les Iraniennes à l'unisson doivent avoir l'autorisation de leur mari pour sortir du pays. Donc oui, il y a beaucoup d'interdictions"
Et pour Mariam Pirzadeh, une vérité importe plus que tout : "le combat que mènent les Iraniennes et les Afghanes nous concerne tous parce que c'est un combat qui est féministe". Et cette prise de parole, qui nous permet de vous rappeler la sortie des Graines du figuier sauvage du cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, ne s'arrête pas là...
"Ce combat que mènent les Iraniennes, c'est le combat de leur vie. Donc, je pense que les associations féministes ou les féministes devraient les soutenir et devraient en parler", tient encore à surligner la reporter, pour quoi la France notamment "silencie" trop cette situation qui au sein du régime de la République Islamique a trait aux droits fondamentaux des femmes face à ce que d'aucuns qualifient de "despotisme religieux"...
Les graines du figuier sauvage qui sort ce mercredi en salles relate le récit très tendu de soeurs soutenant le mouvement féministe Femme, Vie, Liberté, justement, et leur conflit avec leur père, juge d'instruction en quête de son arme, perdue de vue. Une oeuvre faite dans l'urgence et qui a exigé du cinéaste Mohammad Rasoulof, couronné à Cannes, une prise de risques constante - celui-ci est en exil depuis. Un film qui prend le pouls d'un pays où notamment a été déployé le programme Nazer-1 ("surveillance" en persan) lequel assure un contrôle du voile en voiture par textos - auprès des femmes accusées de transgresser. Pourrait également être expérimentée, une système de "reconnaissance facile" du port du voile, à l'aide de caméras de surveillance.
A propos des droits des femmes, on vous recommande une autre séance de grande importance : le très impressionnant Tatami, récit d'une judokate iranienne dont le gouvernement exige le retrait par abandon lors de compétitions olympiques, dans un but purement politique. Sauf qu'elle refuse de simuler une blessure et donc, de lâcher la rampe. Et elle pourrait très bien s'en mordre les doigts... Ce film en noir et blanc dont la mise en scène adopte mouvements renversants à l'appui les coups portés aux corps - dans les arènes - et les émois intenses de sa protagoniste, menacée, nous a soufflé : nous l'avons décrypté sur cette page.