Et si le sexisme prenait racine dans les tirelires-cochons ?
C'est ce que démontre le numéro d'octobre du magazine Julie en dévoilant les résultats d'une enquête dédiée au sujet épineux de l'argent de poche, menée auprès de parents d'ados entre 10 et 15 ans. Le verdict de cette étude est implacable : oui, les filles gagnent moins d'argent de poche que les garçons.
Et ce n'est pas tout : non seulement leur argent de poche est moins élevé mais il arrive plus tard. C'est une véritable "double pleine", comme le déplore à juste titre le magazine de Milan Jeunesse. 48% des garçons âgés de 10 à 12 ans perçoivent déjà de l'argent de poche alors que ce n'est le cas que pour 40% des filles du même âge. Celles-ci doivent prendre leur mal en patience !
Et le montant alors ? Là encore ça fait mal : 38 euros par mois pour les filles contre 44 euros pour les garçons. Les calculs sont pas bons Kevin ! Et cet enjeu là est bien moins anodin qu'on ne pourrait le croire.
L'argent de poche, c'est un vrai enjeu de genre.
Un peu comme un magnifique teasing de ce que connaîtront les filles plus tard : les inégalités salariales. Un avant goût des discriminations professionnelles dont se passeraient bien les principales concernées.
Et il faut en parler. C'est l'excellente essayiste Titiou Lecoq qui décrypte la chose dans nos pages : "Cette histoire d'argent de poche raconte quelque chose sur les constructions de genre. Très tôt, les garçons ont un rapport de légitimité à l'argent qui n'est pas le même que les femmes. Jeunes déjà, ils demandent plus facilement des augmentations. Ils considèrent davantage qu'on leur doit de l'argent !".
"En tant que parent, je m'en rends compte, les filles sont davantage gênées, on les met donc en position de demandeuses. C'est un réflexe qui va se développer ensuite dans le monde du travail", développe l'experte.
"L'argent est indissociable des stéréotypes. On ne veut pas être identifiée au stéréotype de la femme vénale, tout comme on ne veut pas être associé à celui de la mégère, en ce qui concerne les tâches ménagères".
En outre, précise l'étude, la nature des achats diverge.
Vêtements pour 47 % des filles, jeux vidéo et musique pour 56 % des garçons. Encore une histoire de stéréotypes de genre, cela va sans dire. Seuls 12% des sondés pensent que l'école à un rôle à jouer dans tout ce débat. "L'argent est perçu comme un sujet de discussion familial qui doit rester dans les familles !", détaille le magazine. Et c'est bien dommage : c'est un enjeu de société !