L’émission « Les Grandes Gueules » diffusée le 21 janvier dernier restera longtemps dans les annales de la radio en raison du dérapage dont elle a fait l’objet. En plein débat sur l’actualité quotidienne, le duo d’animateurs Alain Marschall et Olivier Truchot et leurs chroniqueurs parmi lesquels Franck Tanguy, conseiller en investissement financier, et Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, évoquent la somme versée par Dominique Strauss-Kahn à Nafissatou Diallo pour clore l’affaire qui les oppose. À la stupeur des auditeurs, s’ensuivent des commentaires de très mauvais goût envers l’ancienne femme de ménage.
« Elle n’a rien pour elle, elle ne sait pas lire pas écrire, elle est moche comme un cul, et elle gagne 1,5 million, c’est quand même extraordinaire cette histoire », estime Franck Tanguy tandis que Sophie de Menthon, allant jusqu’à parler de « contre de fées », se demande « si ce n’est pas ce qui lui est arrivé de mieux » tout en précisant que « c’est horrible de dire ça ». Des propos qui ont immédiatement déclenché l’indignation des auditeurs et qui ont été sanctionnés, en début de semaine, par une mise en demeure du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Le CSA a en effet jugé ces commentaires « injurieux, misogynes, attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste ». Mais si, dès le lendemain, Franck Tanguy regrettaient ce dérapage, la réaction de la présidente du mouvement patronal a été tout autre. « La condamnation (du CSA) ne s'exerce pas à mes dépens. Elle est bien celle de l'émission et de l'animateur », a-t-elle estimé dans les colonnes du Figaro. Et d’ajouter : « je regrette cette phrase, mais en aucun cas cette phrase n'est misogyne, ni raciste, ni insultante ». Un dédouanement que n’a visiblement pas apprécié la direction de RMC.
« En huit ans d'émission, je ne suis allé devant le CSA que deux fois. L'émission "Les Grandes Gueules" est un exercice risqué car les chroniqueurs expriment des opinions tranchées. Mais Alain Marschall et Olivier Truchot sont de grands professionnels, ils comprennent tout de suite quand les limites sont franchies, a ainsi expliqué Franck Lanoux, le directeur général de la radio, au Figaro. Ils savent, ce qu'ils ont fait avec Sophie de Menthon, dire publiquement que de tels propos ne peuvent pas être tenus. Enfin, ils savent présenter des excuses quand ils font des erreurs. Or Sophie de Menthon s'est dédouanée de toutes responsabilités. Il y a désormais une véritable rupture de confiance entre l'équipe des Grandes Gueules et Sophie de Menthon ». Certes, la principale intéressée a depuis fait son mea culpa sur notre site, s’excusant « sincèrement d'avoir blessé des femmes par ce raccourci qui a laissé penser [qu'elle exprimait] un point de vue méprisant, aux antipodes des valeurs [qu'elle défend] et qui [lui] sont chères ». Mais avec les dirigeants de RMC, la rupture semble consommée. Ce jeudi, Sophie de Menthon était privée d’antenne. Une décision qui serait provisoire.
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