Je suis touchée et très interpellée par l’émotion que mes propos ont suscitée, et par certaines femmes qui se sont senties directement concernées.
En effet, j’ai été amenée à commenter les indemnités reçues par Madame Nafissatou Diallo au cours de l’émission Les Grandes Gueules du 21 janvier qui a fait l’objet d’une mise en demeure du CSA.
J’avais quant à moi déclaré, au sujet de ces indemnités, « c’est horrible à dire mais je me demande si ce n’est pas ce qui lui est arrivé de mieux ».
Ce propos en lui-même, sorti de son contexte et du raisonnement que je cherchais à développer, semble laisser entendre que lorsque l’on est d’un milieu modeste, subir une agression et recevoir une indemnité importante est ce qui peut arriver de mieux.
Bien entendu, aucune offense, fusse-t-elle importante, ne peut être d’une quelconque manière souhaitable ! Aussi, je m'excuse sincèrement d'avoir blessé des femmes par ce raccourci qui a laissé penser que j'exprimais un point de vue méprisant, aux antipodes des valeurs que je défends et qui me sont chères depuis 30 ans de militantisme en faveur de la place des femmes dans la société et de l’égalité des chances.
Ce que je voulais dire à partir de ce « fait divers » à résonance planétaire, que les médias nous invitent à commenter depuis des mois, c’est que nous sommes confrontés aux mécanismes singuliers de la justice américaine qui amènent une victime à percevoir une indemnité en procédure civile, alors qu’aucune qualification pénale n’a pu être apportée à l’agression qu’elle a subie (pour laquelle le coupable a été relaxé sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui).
Cet « événement » a conduit un tribunal à lui attribuer 1 million de dollars, et cette financiarisation de la justice provoque de profonds dysfonctionnements dans la société. Devant ce fait divers, transformé en spectacle, tous nos idéaux d’égalité des sexes, de promotion par le mérite, semblent insignifiants par rapport à un enrichissement aussi spectaculaire.
Ce qu’il fallait comprendre au regard de cette affaire traitée par la justice américaine aux mécanismes singuliers, c’est qu’il ne faut pas que de telles circonstances finissent par pouvoir être perçues comme étant « ce qui pourrait lui arriver de mieux ».
En même temps, l’indignation et la médiatisation sur des « dérapages » que ce soit de politiques ou de personnalités de tout ordre, ne sont-ils pas simplement l'aveu de notre impuissance à vraiment s'attaquer aux problèmes eux-mêmes ? On se donne bonne conscience en fusillant celui qui s'exprime mal et à tort et c'est vrai parfois de façon inadmissible ; mais ces mêmes indignés professionnels mènent-ils des actions positives et concrètes ? On peut aussi être désespéré de voir exclusivement repris les égarements linguistiques. Retenons donc que la nuance n’est pas supportée par les médias.
C’était mon opinion, mal adaptée au rythme de l’émission, maladroitement exprimée et donc choquante. Je regrette d’avoir mal exprimé les interrogations que je ressentais et d’avoir peut-être, par cette phrase, provoqué des dérives regrettables.
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