Le nouveau ministre de l'Education Pap Ndiaye souhaite réinstaurer les mathématiques obligatoires pour tous·tes les lycéen·e·s de première générale. Selon lui, cette mesure serait nécessaire pour "encourager l'égalité filles-garçons".
La réforme de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, qui avait supprimé les traditionnelles séries générales L, ES et S, aurait effectivement éloigné les lycéennes des matières scientifiques. Chacun était alors libre de choisir des disciplines majeures et des mineures, et les matières scientifiques ont été délaissées par les filles.
Les chiffres de l'Education nationale établissent ainsi qu'en 2021, les mathématiques étaient l'enseignement de spécialité le plus choisi par les élèves de terminale, à 37,5%, devant les sciences économiques et sociales et la physique-chimie (en baisse de 4 points par rapport à 2020). En revanche, la part des filles dans cette matière est en baisse. Elles sont 39,8% à l'avoir choisie contre 41,9% en 2020.
En octobre dernier, une étude publiée par le collectif Maths&Sciences, un groupe d'associations scientifiques, montre une chute, depuis 2019, du nombre de filles au profil scientifique en terminale. Elles étaient environ 94 522 à avoir ce profil avant la réforme contre 67 890 en 2021, soit une baisse de 28%.
Comment expliquer ces chiffres ? Plusieurs facteurs interviennent dans les choix des lycéennes. D'abord, elles sont soumises à des stéréotypes de genre, qui assignent davantage les femmes aux matières littéraires et les hommes aux matières scientifiques. "Plus de 70% des élèves de seconde, première et terminale sont installés dans une stéréotypie de genre. Parmi les terminales, 50% sont installés dans une stéréotypie forte à extrême", souligne ainsi dans Le Figaro Pascal Huguet, chercheur au CNRS et membre du Conseil scientifique de l'Éducation nationale, co-auteur d'une étude sur le choix d'orientation des élèves au lycée.
Ces stéréotypes de genre seraient aussi en partie responsables d'un syndrome de l'imposteur chez les jeunes filles, qui ne se sentent pas capables d'étudier des matières scientifiques, sans que rien, dans les faits, ne leur donne raison. "Dans nos écoles, nous ne voyons pas de différence de niveau en maths entre les filles et les garçons. Il faut le faire comprendre aux jeunes dès l'école primaire. Nous avons besoin de jeunes filles dans les secteurs de l'ingénierie", insiste Philippe Dépincé, directeur de Polytech Nantes, auprès du Figaro.
Avec cette nouvelle réforme, le ministre Pap Ndiaye espère "continuer à promouvoir l'excellence, mais aussi réconcilier tous les élèves avec les mathématiques et encourager l'égalité filles-garçons", lit-on dans le communiqué du ministère. "L'objectif est d'atteindre d'ici 2027 la parité filles-garçons dans les spécialités mathématiques, physique-chimie et mathématiques expertes (les filles sont majoritaires en SVT), et tendre vers la parité pour les autres enseignements (Sciences de l'ingénieurs – NSI – numérique et sciences informatiques)", annonce-t-il.
Une réforme qui ne serait pas assez poussée pour le mathématicien et ancien député Cédric Villani, qui défend de son côté sur Franceinfo "le retour de trois spécialités en terminale plutôt que deux actuellement". Pour le médaillé Fields, "beaucoup de jeunes filles, au moment de passer de première à terminale, se disent 'les mathématiques, ce n'est pas pour moi, c'est pour les garçons. Je vais plutôt me concentrer sur la biologie ou sur la physique'. C'est un problème grave pour la société".