Quel père ne s'est jamais posé la question de la priorité entre sa carrière et ses enfants ? Quel père ne s'est jamais regardé dans le miroir un matin en se disant qu'il était loin le temps où il pouvait prendre soin de lui avant de s'occuper des tâches ménagères, de ses enfants et potentiellement des affaires de sa femme ? Lequel ne s'est jamais demandé comment faire pour allier carrière et famille sans avoir l'air complètement dépassé auprès de ses supérieurs, de peur d'être renvoyé pour avoir eu le malheur de s'absenter un matin pour s'occuper des petits ? Ah oui, la vie de père est bien difficile de nos jours, c'est un fait.
Si vous trouvez le paragraphe précédent étrange, alors le blog Man Who Has It All devrait vous plaire. Ce blog a pour but de reprendre tous les clichés liés aux mamans, de la façon dont on s'adresse à elles dans les médias aux difficultés qu'elles rencontrent au quotidien, et de les renverser pour les coller sur les pères, pour changer.
Parmi les quelques articles croustillants qu'on peut trouver sur le blog se trouve par exemple la note "Carrière ou paternité ?" dans laquelle l'auteur a interrogé plusieurs pères sur les difficultés qu'ils rencontrent à allier ces deux domaines (tout est parodique et inventé, évidemment). Le témoignange de Keith, 42 ans, père de deux garçons, est particulièrement parlant :
"Je ne vais pas mentir : c'est difficile. J'ai dû faire de gros sacrifices. Mais j'ai de la chance, ma femme garde les enfants deux fois par semaine et vide le lave-vaisselle. Elle s'intéresse beaucoup aux enfants aussi."
Mark, 44 ans, a trouvé une solution pour ne pas perdre la boule :
"Je m'autorise au moins 30 minutes de temps rien que pour moi chaque jour et une heure chaque dimanche. C'est très important de prendre du temps pour soi. Je me détends dans un bain moussant avec des bougies, un verre de vin et un bon livre. Le paradis des papas !"
Evidemment, tout ça fait écho aux discours prononcés par beaucoup de mamans et nous pousse à remettre en question cette norme que nous sommes nombreux à accepter et à reproduire. Lorsque les propos sont transposés à un autre genre, ça fait tout de suite tache - une réaction qui devrait pourtant exister dans l'autre sens aussi.
D'autres discours, moins liés à la parentalité, sont également repris et transposés au masculin, comme ceux sur les femmes politiques ou chefs d'entreprise.
"Je n'ai aucun problème avec les hommes managers, du moment qu'ils laissent leurs hormones à la maison."
"Je n'ai sincèrement aucun problème avec les hommes politiques, du moment qu'ils sont capables de représenter tout le monde, et pas seulement les hommes et les causes qui les concernent."
Et effectivement, on a souvent entendu des gens tenir ce discours concernant les femmes dans des positions de pouvoir, qui impliquent que les femmes ne peuvent, par nature, pas faire la différence entre leur carrière, leur rôle politique, leur boulot, et leur vie personnelle et ce qui les affectent. Sans compter que l'argument des hormones est encore souvent utilisé aujourd'hui pour justifier l'absence de femmes dans des rôles similaires.
Globalement, le blog met en lumière le ton futile et infantilisant qui est utilisé pour s'adresser aux mamans, avec des conseils tels que celui du bain moussant et du "temps pour soi", le fait de s'autoriser à déléguer même si papa ne plie pas les vêtements correctement, et de s'autoriser à demander de l'aide à son partenaire.
Peut-être cela poussera-t-il au moins quelques personnes à réviser leur discours et leur façon d'aborder ces questions... et au pire, ça nous fera au moins beaucoup rire.