On le sait : le monde du jeu vidéo n'est pas vraiment réputé pour son militantisme pour l'égalité hommes-femmes. Qualifié souvent de sexiste, voire même de misogyne, il peut – du moins une minorité particulièrement active et nuisible – s'illustrer par son intolérance et sa violence envers les femmes qui travaillent dans le milieu. Alanah Pearce en a fait récemment fait l'expérience.
Étudiante à Brisbane, en Australie, cette geekette de 21 ans aux cheveux bubble gum est aussi une commentatrice de jeux vidéo réputée dans le pays. En plus de sa chaîne YouTube, sur laquelle elle donne son avis sur les dernières sorties, Alanah est régulièrement invitée en tant que chroniqueuse à la télévision ou la radio, ainsi que sur la chaîne Button Bash.
La semaine dernière, Alanah Pearce a confié sur son compte Twitter que, comme beaucoup d'autres gameuses, elle était régulièrement la cible d'insultes et de menaces de viols sur les réseaux sociaux. La jeune femme a alors enquêté sur l'identité de ses harceleurs, et s'est rapidement rendu compte qu'il s'agissait bien souvent d'adolescents. « Il se trouve que pour la plupart, ce sont de jeunes garçons, et leur problème c'est qu'ils n'ont aucune jugeote, donc leur répondre de manière rationnelle n'a pas aidé à résoudre la situation. Et j'en étais au point où leurs commentaires commençaient à me mettre vraiment mal à l'aise », raconte-t-elle au Guardian.
Plutôt que de se heurter une nouvelle fois aux insultes de gamins sans cervelle, Alanah a alors pris la meilleure décision qui soit : elle a prévenu leurs parents via Facebook. Sur Twitter, elle a ainsi posté un échange qu'elle a eu avec la mère d'un des ados :
Sometimes young boys on Facebook send me rape threats, so I've started telling their mothers. pic.Twitter.com/0Cbs81eXiE
— Alanah Pearce (@Charalanahzard) 28 Novembre 2014
« - Bonjour Anna, je ne vous connais pas, mais je me demandais si XXXXX était votre fils ?
La maman : Oui pourquoi ?
- Je ne lui avais jamais parlé avant, mais il a posté un message inquiétant sur ma page Facebook aujourd'hui et je me demandais si vous trouveriez judicieux d'en parler avec lui.
[Alanah Pearce intègre une capture d'écran du commentaire : "Je te violerai si jamais je te vois, salope", ndlr]
- OMG la petite merde
JE SUIS TROP DESOLÉE.
OUI JE VAIS LUI PARLER ! ! ! »
« Mon message a suscité exactement la réaction que j'attendais, explique Alanah au Guardian. Le fait qu'elle ait appelé son fils "petite merde" m'a beaucoup fait rire, car je le pensais aussi. » Posté vendredi 28 novembre, le tweet d'Alanah Pearce a trouvé une résonance inattendue : en quelques jours, il a été retweeté plus de 39 000 fois, et sauvegardé près de 63 000 fois.
Contactée par le quotidien britannique, la gameuse affirme qu'elle ne pensait pas que son message génère une telle effervescence. « Au départ, je n'avais pas l'intention de le publier sur Twitter, mais j'étais tellement excitée par la réponse que j'ai reçue ! J'ai juste pensé que mes amis pourraient eux aussi trouver ça amusant. » « C'était juste une façon de trouver une solution, pour enseigner à ces garçons, de façon productive, qu'il n'est pas acceptable de se montrer envers les femmes, même si elles sont sur Internet », poursuit Alanah, qui rappelle que derrière leur écran « se trouvent de vraies personnes, et qu'il devrait y avoir des conséquences tout aussi réelles ». « Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi cet ado m'avait menacé de viol, s'il y avait un contexte. Je pense juste qu'il a vu une de mes vidéos et qu'il ne l'a pas aimée, ou que c'est parce que je suis une femme qui parle de jeux vidéo sur Internet. Cela peut paraître absurde mais cela arrive à beaucoup de gens. »
Ravie du succès de son expérience, Alanah Pearce confie enfin avoir contacté les mamans de trois autres ados menaçants. Elle attend encore leur réponse.
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