"Ce sont les droits des femmes qui sont menacés !"
Ca, c'est que déclarait Natalia Broniarczyk, militante polonaise des droits des femmes, après l'adoption en première lecture par le Parlement d'un registre national de grossesses, projet "d'institut de la famille et de la démographie" ayant pour but de "surveiller la politique familiale, se prononcer sur la législation et éduquer les citoyens sur le rôle vital de la famille dans l'ordre social, l'importance de la reproduction culturelle et sociale également". Autrement dit ? Inciter les médecins à signaler toutes les grossesses et fausses couches au gouvernement.
Tout un programme...
Et aujourd'hui, trois ans après l'interdiction quasi-totale de l'avortement, autorisé seulement si la grossesse résulte d’une agression sexuelle, d’un inceste, ou constitue une menace directe pour la vie de la mère, la situation n'est pas plus idéale. Alors que l'IVG est puni jusqu’à trois ans d’emprisonnement, une enquête accablante des Nations unies débarque avec fracas.
Plus précisément, c'est le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes qui tire la sonnette d'alarme...
On lit.
Selon cette enquête relatée dans le détail par nos confrères de Midi Libre, les citoyennes Polonaises seraient aujourd'hui confrontées à "de graves violations des droits humains en raison de lois restrictives sur l’avortement, beaucoup d’entre elles étant obligées de mener à terme des grossesses non désirées, de recourir à des procédures clandestines dangereuses ou de se rendre à l’étranger", et plus encore victimes "d'une violence fondée sur le genre allant à l’encontre des femmes et peut être assimilée à de la torture ou à un traitement cruel, inhumain ou dégradant".
Citoyennes soumises à la clandestinité, à d'autant plus de vulnérabilité, à on l'imagine également tout un imaginaire de la honte et la culpabilité associé à leur corps et leur intimité.
Mais ce n'est pas tout. En Pologne, atteste dans cette enquête la vice-présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination Genoveva Tisheva, "les médecins hésitent souvent à pratiquer des avortements, même légaux, par crainte de voir leur responsabilité pénale engagée, et retardent souvent la procédure jusqu’à ce que la vie de la femme soit en danger immédiat". De quoi contester la mention de "interdiction quasi totale", dans l'optique où les professionnels de la santé refuseraient même ce droit... Aux cas qui l'autorisent !
A cela faut-il encore ajouter l'influence de "puissants groupes de pression anti-avortement, de menaces et de dénonciations à l’encontre de ceux qui aident les femmes à se faire avorter, instaurant un environnement complexe, hostile et effrayant dans lequel l’accès à un avortement sûr est stigmatisé et pratiquement impossible".
Il y a deux ans de cela, le Conservateur Jarosław Kaczyński exigeait aux femmes de réduire leur consommation d'alcool afin de contrecarrer "le faible taux de natalité de son pays", expliquant : "Si rien ne change, c'est-à-dire que si jusqu'à l'âge de 25 ans, une jeune fille boit autant que ses contemporains, elle ne fera pas d'enfants. Parce qu'il faut se rappeler qu'un homme, pour devenir alcoolique, doit boire excessivement pendant 20 ans en moyenne et une femme seulement deux ans".
Une "analyse" ubuesque qui selon des voix expertes avait surtout pour visée d'appuyer cette propagande anti-avortement.