Cette année, une polémique a bousculé le concours Miss France, lorsque la coiffure afro de Miss Aquitaine, Ambre Andrieu, a été "détruite" en coulisses. L'apparition sur scène de Miss Aquitaine, les cheveux lissés le soir de l'élection ce 11 décembre a suscité les réactions les plus virulentes : "Qui est l'individu qui a détruit l'afro de Miss Aquitaine ?", "le grand n'importe quoi des coiffeurs du comité Miss France ! ils devraient présenter leurs excuses à Miss Aquitaine si belle avec ses cheveux naturels !", "Ils ont tué les cheveux de Miss Aquitaine...", entre autres commentaires postés en masse sur Twitter.
Ambre Andrieu quant à elle s'est exprimée sur son compte Instagram pour tenter de calmer les esprits. Mais aussi du côté du magazine Elle : "Je suis déçue du résultat, ce n'est pas ce que je voulais... C'est loin de me ressembler. J'ai senti sur scène qu'il y avait quelque chose qui clochait avec ma coupe. On avait une coiffeuse spécialisée, donc ça me touche qu'elle se prenne des critiques et qu'elle soit accusée de racisme, alors qu'elle est aussi noire et qu'elle a fait de son mieux".
Cependant, Miss Aquitaine développe : "Il y avait une seule coiffeuse sur place pour cheveux texturés, alors qu'on était cinq ou six à posséder cette nature-là pendant toute la partie avant le passage des quinze. J'aurais aimé une coiffeuse spécialisée en plus". Ce faisant, la jeune femme pointe du doigt le coeur du problème.
Parmi les réactions des spectatrices et spectateurs, certaines étaient déjà éloquentes : "Vous ne savez pas coiffer les cheveux Afro ? EMBAUCHEZ DES GENS COMPÉTENTS", "on est en 2022 ...y'a aucune coiffeuse afro dans le comité Miss France ! C'est clairement du sabotage". Des commentaires qui soulèvent un point majeur : le manque encore trop actuel de personnel spécialisé dans les cheveux afro dans l'univers de la mode et ailleurs.
"La France est diverse et variée : il y a des peaux noires, des peaux mates, maghrébines. Ce ne sont pas les mêmes besoins. Mais ce sont des problèmes très communs, que ça soit au niveau du mannequinat, des publicités, de la télévision...", développe Miss Aquitaine.
En 2019 déjà, la mannequin Olivia Anakwe déplorait le fait que les coiffeurs de la Fashion Week n'avaient pas su s'occuper de ses cheveux crépus.
"Ce n'est pas bien, ce ne sera jamais bien. Cela doit changer. Quelle que soit la taille de votre équipe, assurez-vous d'avoir une personne compétente pour s'occuper des cheveux afro OU embauchez simplement un coiffeur noir ! Les coiffeurs noirs sont tenus de savoir comment coiffer tout le monde, pourquoi la même chose ne s'applique-t-elle pas aux autres ?", fustigeait alors la jeune femme, critiquant un milieu trop peu inclusif.
"Les critères de beauté dominants se basent sur les blancs, donc ce sont les cheveux lisses qui sont mis en avant, pas les cheveux crépus. Ça prend du temps de déconstruire ce qui est ancré dans l'imaginaire collectif", déplore l'autrice Aurélie Louchart au magazine Cheek. "Il y a toute une catégorie de gens à qui l'on a affirmé que leurs cheveux n'étaient pas regardables, acceptables par la société dominante, laquelle, visiblement, a les cheveux lisses", fustige à l'unisson la sociologue Juliette Sméralda dans le documentaire A un cheveu près.
Une discrimination systémique donc. Comme le rappelle Slate, les textures bouclées, frisées ou crépues ne sont pas toujours bien accueillis dans les salons généralistes français. Il n'existe que 200 salons spécialisés en France capables de s'en occuper, alors que 20% de la population française possède ce genre de cheveux.