Évidemment, quand on pense "mono-sourcil", le visage de Frida Kahlo nous vient en tête. Mais si cette pilosité faciale est indissociable de l'image et de la personnalité brûlante de la peintre mexicaine, assumer ce que la science nomme "synophridie" quand on est une jeune femme moderne peut s'avérer plus compliqué. C'est pourtant ce que Scarlett Costello a choisi de faire. Mannequin et étudiante en art à Brooklyn, cette beauté de 19 ans est donc dotée d'un mono-sourcil. Et plutôt que de l'attaquer à la pince à épiler, plutôt que de lui infliger de la cire chaude ou le regard navré des esthéticiennes, Scarlett Costello a préféré transformer cette particularité en force.
Interrogée récemment par Teen Vogue, la jeune femme se souvient : "J'ai toujours été comme ça et je n'y ai pas pensé plus que ça en grandissant. Ma mère m'a toujours dit que c'était une bonne chose d'avoir des sourcils épais. Elle-même épaississait les siens dans les années 90 avec un crayon. Vers 15 ans, j'ai eu envie de les épiler, d'avoir des sourcils pointus. Puis les sourcils épais sont redevenus à la mode. J'ai alors compris que mes sourcils naturels étaient plus en accord avec ma personnalité". Si Scarlett Costello avoue avoir épilé son mono-sourcil à ses débuts dans le mannequinat, l'arrivée de de Cara Delevingne sur les podiums a permis de faire voler en éclats une certaine norme de beauté, et même de rendre le sourcil broussailleux tendance, hautement désirable. Il y a trois ans, l'agence de Scarlett, Ford Paris, lui a donc suggéré d'afficher une arcade sourcilière naturelle.
A l'instar de Cindy Crawford et de son grain de beauté, Scarlett Costello a fait de ses sourcils sa marque de fabrique. Ce petit truc en plus qui lui permet d'être tout de suite identifiable. A Teen Vogue, elle raconte que le mannequinat lui a toujours permis de trouver du travail mais depuis quelques temps, elle sent bien que sa petite particularité physique lui vaut d'être appelée plus souvent. "J'ai posé récemment pour Interview Magazine. C'était dingue parce que c'était mon plus gros contrat. J'en suis très fière", confie la beauté brune.
En plus de son mono-sourcil, le mannequin américain affiche régulièrement ses aisselles poilues sur Instagram. Une ode au naturel et un rejet des injonctions sociales sur l'apparence des femmes qui font réagir ses abonnés. Ainsi, si elle estime "recevoir plus de commentaires positifs que négatifs", Scarlett Costello avoue que les trolls ne sont jamais bien loin : "On m'a déjà dit que je ressemblais à un ogre ou que je n'étais qu'une féministe prétentieuse". Des mots durs, qui touchent, mais qui ne la poussent aucunement à vouloir entrer dans un quelconque moule : "Je pense sincèrement que nous sommes plus beaux quand nous laissons notre corps être comme nos gènes l'ont voulu. Avoir assez confiance en soi pour embrasser sa beauté naturelle est ce qui rend tout ça si génial".
Il y a dix ans en arrière, les sourcils de Scarlett Costello ne lui auraient peut-être pas permis de se démarquer, ou pire, de décrocher un quelconque contrat avec une agence de mannequinat. Mais l'Américaine est arrivée au bon moment. Car si les diktats de la beauté et de la minceur s'insinuent toujours dans la tête des femmes, il semble de plus en plus plus clair que le naturel est en train de faire sa révolution. Autrefois gommé, déguisé, il est aujourd'hui célébré. Sur Instagram avec le mouvement body positive d'abord, qui permet aux femmes de s'aimer et de s'accepter telles qu'elles sont. Dans les agences de mannequinat et chez les marques ensuite, qui ont commencé à intégrer le fait que le naturel et la diversité sont inclusifs et qu'ils font vendre.
Campagnes de pub mettant en scène des femmes normales, mannequins aux vergetures apparentes sur un célèbre site de vente en ligne, et surtout, apparition de top-models défiant les normes de beauté (Ashley Graham et sa taille 48, Winnie Harlow et son vitiligo, Valentina Sampaio et sa transidentité)... chassez le naturel, le voici qui devient affreusement tendance. Une prise de conscience qui se pose comme une alternative aux stéréotypes sexistes, et qui gageons-le, est bien partie pour s'inscrire dans la durée et transformer durablement notre société.