Joyce A. Nashawati est née à Beyrouth, mais c'est en Grèce, son pays d'adoption, que cette jeune réalisatrice très prometteuse a tourné son premier long-métrage, Blind Sun (2016). Un film de science-fiction très réussi dans lequel une station balnéaire est frappée par une vague de chaleur. Au coeur de cette atmosphère hallucinatoire et étouffante, Ashraf, immigré taciturne, garde la villa d'une famille française en son absence. Sa vie va basculer lors d'un contrôle de papiers. Couronnée du Grand Prix au Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2010 pour son court métrage La morsure, Joyce A. Nashawati présentera Blind Sun au Festival de cinéma européen dans le cadre du cycle "Nouvelles femmes de cinéma". Nous l'avons interrogée sur sa place de femme au sein du milieu encore très masculin de la réalisation et sur ses inspirations.
A votre avis, qu'est-ce qui entrave encore le parcours des femmes réalisatrices ?
C'est un problème complexe. Il y a divers facteurs qui dépendent aussi du background socio-économique de chaque femme. Cela peut être un manque de confiance en soi ou des préjudices externes. Mais restons positif : les choses sont en train de changer, les gens parlent de ce problème de plus en plus ouvertement et il y a plus de femmes réalisatrices qu'auparavant.
Oui, surtout quand je faisais des stages. Certains types de sexisme, comme le harcèlement, dépendent de notre niveau de pouvoir. Cela m'a pris du pris à comprendre l'existence du sexisme car il emprunte parfois des formes plus "soft". Qui n'a jamais entendu des phrases comme :"Les femmes sont des créatures douces et mystérieuses" ou "les femmes sont irrationnelle" ? Quand j'étais ado, je pensais que j'étais un "homme' : pas un individu doté d'un pénis, mais une entité pensante et singulière. Doucement, j'ai réalisé que j'étais perçue d'une façon qui pouvait limiter mes expériences dans la vie. Cela a été insidieux et diffus.
Non, je ne pense pas comme elle. Pas comme un groupe homogène en tout cas. Je pense que les individus prédominent sur le genre lorsqu'il s'agit de raconter des histoires. Je n'aime pas l'idée qu'il y ait des éléments communs dans chaque film réalisé par des femmes auxquels les hommes n'auraient pas d'accès. Et vice versa ! Je préfère me concentrer sur la singularité d'une vision même si des éléments genrés peuvent influencer l'histoire. Mais ce n'est pas ce qui en fait quelque chose de "spécial'.
Il y en a tellement ! Je dirais Frankenstein de James Whale (1931) que je redécouvre à chaque visionnage. On peut voir cette oeuvre comme la lutte d'un individu qui consacre sa vie à la création même si cela l'isole de la société et qu'il engendre un "monstre". Malheureusement, à la fin du film, le seul gagnant est le père du Dr. Frankenstein, le puissant Baron Frankenstein, qui voulait que son fils se marie et ait un fils pour prolonger l'héritage l'héritage de la famille...
Mildred Pierce, Jeanne Dielman, Wanda, Les Femmes de Stepford, Thé et Sympathie...
Il y a tellement de super actrices. Ça dépend du rôle !
Il y en a plus que trois... mais dans les figures féminines que j'adore, je dirais Fantômette, Patricia Highsmith et Delia Derbyshire.
Ma tante Katia !