"C'est un tournant pour nous les Maoris mais aussi pour tous les gens de couleur. Que vous ayez un moko kauae ou pas". Dans une interview pour le site de Wellington Stuff, Oriini Kaipara, présentatrice télé bilingue en anglais et te reo (la langue maorie locale), raconte ce que signifie son accession au JT néo-zélandais en prime time, la semaine du 27 décembre dernier.
Une représentation particulièrement historique puisqu'elle devient ainsi la première journaliste à donner les infos nationales avec un "moko kauae". Ce tatouage sur le menton, qu'elle a fait réaliser il y a trois ans après qu'un test ADN ait confirmé ses origines maories à 98 %, rapporte le Daily Telegraph, est un moyen de les revendiquer haut et fort. Et d'autant plus devant des millions de Néo-Zélandais.
"Il s'agit d'un rite de passage chez les femmes maories, marquant le passage de l'enfance à l'âge adulte", développe le magazine, ainsi qu'un moyen d'afficher l'héritage d'une famille et son statut social.
A l'antenne en remplacement des journalistes habituels, Oriini Kaipara estime qu'il s'agit ni plus ni moins d'une "immense victoire". A juste titre.
"J'ai pris conscience depuis un moment que ça dépasse largement le simple fait de présenter des informations", confie-t-elle à Stuff. "C'est aussi une immense victoire pour cette génération et les dix prochaines". La jeune femme martèle : "ne laissez pas votre identité ou votre culture vous empêcher de faire quoi que ce soit", et se félicite d'avoir participé à "briser un plafond de verre".
A écouter les retours des téléspectateurs et téléspectatrices, l'émotion est partagée. "Ce matin, quelqu'un a dit que le fait de [me] regarder est réjouissant dans le sens où cela le rend fier d'être Māori avant tout", poursuit Oriini Kaipara.
Des retours qui lui ont "ouvert les yeux". "Je n'avais pas vraiment réalisé à quel point une chose aussi petite que de dire 'Tēnā koe katoa' (une formule de politesse que l'on peut traduire par 'salutations à vous tous', ndlr) et d'entendre la prononciation correcte présentée au journal télévisé avait un impact sur les téléspectateurs", conclut la journaliste.