"Vous n'auriez rien pu faire pour moi". Cette phrase bouleversante a été écrite sur le corps d'Océane, 21 ans, et retrouvée alors qu'elle venait de se suicider chez ses parents, le 4 juin dernier. "Je suis morte depuis le 10 février", y avait-il également inscrit. Le 10 février, c'est le jour où Océane affirme avoir été violée à deux reprises par l'une de ses connaissances après une soirée à Beaune, organisée par son école en sommellerie.
Aujourd'hui, pour BFM TV, ses parents Yvan et Sandra reviennent sur le calvaire qu'elle a subi, et dénonce une justice trop lente. "[Il] l'a droguée avec autre chose et l'aurait violée de 5 heures à 9 heures du matin", racontent-ils. "Elle se réveillait avec les bras et les jambes paralysés mais ne pouvait pas se débattre."
Dans sa plainte consultée par Le Parisien, Océane relatait : "C'est comme si j'étais prisonnière de mon corps". Malgré son "non" et ses tentatives de le repousser, "il a dit que je ne pouvais pas l'arrêter, que je l'excitais de trop". Elle aurait alors subi des "actes de pénétration digitale", d'après le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.
La jeune femme l'aurait mis dehors le matin et avait fini par quitter sa formation pour rentrer chez ses parents. L'agresseur présumé aurait avoué les faits sur Snapchat, avant que la conversation ne soit effacée.
"Elle a mis trois mois à avoir le courage de porter plainte. Elle nous disait : Je suis morte de l'intérieur. On a vécu sa descente aux enfers", confie encore son père Yvan Bourdin. Et sa mère d'ajouter : "Elle avait trop peur de l'engrenage de la justice qui allait repartir".
Océane avait déjà franchi la porte du commissariat deux fois : en 2021 pour une affaire de viol qui se serait déroulé le soir du Nouvel an 2017, puis en janvier 2022 contre son maître d'alternance pour agression sexuelle (l'enquête confiée au parquet de Dijon est toujours en cours, révèle Le Parisien).
"Elle a eu du mal à comprendre que ce n'était pas sa faute, elle n'avait pas compris qu'elle avait le droit de déposer plainte pour ça", explique Sandra Bourdin. Lorsqu'elle s'y résout à nouveau en mai 2022, "elle est ressortie dépitée [du commissariat]. Le policier lui a dit qu'ils ne pourraient pas auditionner le suspect avant les résultats d'analyse de ses cheveux mais que cette dernière serait difficile car elle avait fait une couleur. Elle se disait que personne ne pourrait l'aider."
Aujourd'hui, son père s'insurge : "Pourquoi n'ont-ils pas auditionné [l'accusé] ? Je comprends qu'ils n'aient pas le temps de gérer toutes les affaires en même temps. Mais la plainte d'Océane est sur leur bureau depuis le 16 mai". De son côté, le procureur de la République de Besançon rétorque : "On a gardé la procédure pendant trois mois le temps de récolter tous les éléments. Nous n'avons pas entendu l'agresseur présumé parce que nous attendions les résultats des analyses."
Des délais qui se sont avérés dramatiques.