Voilà une nouvelle qui risque de révolutionner le monde du rire : Patrick Sébastien n'aime pas une certaine chose chez les femmes humoristes. Mais quoi donc ? Simple : l'imitateur et acteur n'est pas fan des meufs qui font des blagues sur, au choix : "la sodomie, leurs règles, ou bien en disant 'bite et couilles". Vaste menu s'il en est. Des mots qui évidemment ne viendraient jamais à l'esprit de l'artiste, connu pour son allergie à la grivoiserie.
"Il y a quelque chose qui me choque un peu là-dedans. Je ne voudrais pas qu'elles deviennent aussi vulgaires et nazes que les pires des hommes. Ça peut paraître idiot mais ça me dérange toujours un peu...",, a développé l'artiste sur le plateau de Buzz TV, l'émission médias du Figaro. Que cela soit clair, mesdames : évitez de choquer Patrick Sébastien en employant des mots trop crus, en parlant de sexe et de votre corps. Merci.
De quoi faire rire plus d'une humoriste, féministe ou non... On peine à imaginer par exemple ce que ferait une Blanche Gardin de tels "conseils".
Plus récemment, l'humoriste Mahaut déployait toute une chronique truculente du côté d'Inter sur les tampons et les menstrues.
On espère qu'elle n'a pas trop choqué ?
Mais derrière l'ironie, les règles, ce n'est pas juste une blague, Patrick.
Pour Patrick Sébastien, il serait dommage que les femmes fassent trop de blagues crues, cul, trash. Pourquoi ? Car elles feraient mieux, tant qu'à faire, de "retrouver leur féminité d'avant", a expliqué le musicien. Une féminité qui à en croire l'ex présentateur serait en voie de disparition.
De quoi lancer une alerte nationale : si quelqu'un a des informations sur cette fameuse féminité d'avant, qu'il nous contacte sans hésiter.
Par-delà le comique de la situation, une certitude sérieuse s'impose : les règles, ce n'est pas qu'une vanne. Les humoristes femmes en parlent justement pour briser un tabou. Normaliser au possible ce qui, surprise, ne l'est pas encore suffisamment. Ce sujet est loin d'être facilement admis en 2023.
En 2021, un sondage réalisé par OpinionWay nous révélait une chose : plus d'une personne sur deux (55 %) juge "inapproprié" de parler des règles en public. Ce n'est donc pas "politiquement correct". En outre, un tiers des sondées de cette enquête ne parlent jamais des règles tout court.
Car les règles gênent, dérangent, elles suscitent le dégoût, la culpabilité. "Les premières règles sont trop souvent quelque chose d'effrayant pour les filles", déplore à ce sujet le directeur général de l'ONG CARE France, Philippe Lévêque. "Certaines sont horrifiées par ce sang qui coule de leur corps".
"En Iran, 48% des jeunes filles pensent que les règles sont une maladie", déclare encore le directeur. Rien à voir ? Au contraire. Parler des règles, quel que soit le pays, c'est sortir d'un violent impensé. D'autant plus que l'intime est toujours politique. La preuve ? Ce vrai enjeu de société qu'est la précarité menstruelle...
Selon une enquête de l'association Règles élémentaires réalisée avec OpinionWay, auprès de 1 022 Femmes âgées de 18 à 50 ans, près d'une jeune Française sur 2 (44% des françaises menstruées interrogées de 18 à 24 ans) souffrirait de cette précarité, qui s'étend à la travers le monde.
Et s'il n'y avait "que" cela... Du fameux sang bleu dans les pubs pour tampons au gros non-dit des menstrues dans le sport, il y a encore beaucoup d'efforts à faire pour vraiment libérer la parole. Quant au fait de mettre hommes et femmes sur le même plan... Disons qu'entre le classique "Bah alors, t'as tes règles ?" censé être la quintessence de la taquinerie et une meuf qui vanne sur le même sujet, notre choix est très vite fait.
Et puis en rire, c'est encore informer. Alors, autant se marrer, pas vrai ?