Si vous comptiez proposer du chèvre sur votre plateau à fromage le soir du réveillon, il faudra que vous y mettiez le prix. Et pour cause : depuis plusieurs semaines, les fromages bon marché ont quasiment disparu des étals des supermarchés. En cause ? La crise de la filière caprine qui, en deux ans, a contraint de nombreux producteurs de lait de chèvre à mettre la clé sous la porte. « Il n'y a pas de mystère, confie à Sud Ouest Frantz Jénot, coordinateur du Syndicat régional des éleveurs caprins. 13% des éleveurs de chèvres [sur 3 000, ndlr] ont disparu en moins d'un an. La production a donc chuté d'autant. Cette pénurie n'est que le soubresaut de la crise que traverse la profession. »
Résultat : pour continuer à fabriquer des fromages artisanaux, plus chers et donc plus rentables, les producteurs caprins ont préféré sacrifier les chèvres à bas prix vendus dans les grandes surfaces. Interrogé par Le Figaro, le vice-président de la coopérative laitière Terra Lacta Patrick Charpentier estime que la baisse de la collecte de lait de chèvre entre 8% et 10%. « Nous pourrions alimenter tous les rayons, juge-t-il. Mais comme nous avons moins de lait à transformer que les années précédentes, nous avons décidé de supprimer les fabrications non rentables. Plus question de brader le fromage. C'est pour cela qu'on ne trouve plus de premiers prix dans les rayons. Les éleveurs ne s'y retrouveraient pas. »
D'autant que la faible rémunération de ces derniers leur laisse peu de marge de manœuvre. « Les revenus de la filière sont au plus bas, en moyenne 12 000 euros par an », note, amer, le président de l'interprofession régionale du lait de chèvre de Poitou-Charentes et du Pays de Loire François Bonnet.
La solution envisagée par les producteurs caprins ? Augmenter sensiblement le prix du lait de chèvre, pour dynamiser la production et faire remonter les prix. Problème : les éleveurs se heurtent au refus des grandes surfaces, qui commercialisent les fromages les moins chers. « Cette situation est aussi essentiellement due à la grande distribution qui presse toujours les prix vers le bas, analyse François Bonnet. Selon ses arguments, les clients n'achèteraient pas de fromage de chèvre si le prix était plus élevé. Mais les enquêtes ont prouvé le contraire. Par ailleurs, l'impact sur le consommateur ne sera pas énorme. Il nous faudrait une hausse de huit centimes du livre pour respirer un peu mieux l'an prochain. Acheter une buchette à 1,28 euros contre 1,20, c'est à portée de main ! » Et d'ajouter : « C'est une question de survie. Cette revalorisation est pour nous la seule solution car aujourd'hui, nos vivres sont coupées. »
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