Samira Diko a 10 ans. Cette jeune Libyenne a fui son pays avec ses parents pour échapper au calvaire de l'excision. Mais ce 12 novembre, à 10h10, elle pourrait être expulsée de notre pays. C'est pour lui éviter cette finalité que l'eurodéputé Raphaël Glucksmann a lancé une pétition sur le site change.org. Dans ce texte adressé au Préfet de police de Paris, l'essayiste revient sur la situation plus qu'alarmante de la jeune fille.
Une réalité d'autant plus édifiante que l'enfant est une survivante des opérations de sauvetage en Méditerranée. Durant cette traversée houleuse, elle a perdu sa mère. Elle et son père Aboubacar sont finalement parvenus en France, après avoir été interdits de séjour en Italie, subissant "le rejet et la haine" de la politique ouvertement anti-migrants du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini. Aujourd'hui scolarisée en classe de CM2, Samira risque pourtant de retrouver dans les semaines à venir "les chemins de l'exil et de l'errance", après avoir reçu une convocation ordonnant son expulsion. Une mesure à laquelle s'opposent de (très) nombreuses voix.
"Samira doit pouvoir rester à l'école. Son père et elle doivent pouvoir demander l'asile en France", insiste cette pétition, qui a déjà recueilli plus de 102 000 signatures. Parmi elles, on trouve les noms de figures engagées comme Benoît Hamon, Omar Sy, Daphné Burki, Najat Vallaud-Belkacem, Rachida Brakni, ou encore Inna Shevchenko, la figure majeure des Femen. Le mot d'ordre ? "Samira doit rester parmi nous". Chacune de ces voix appelle ainsi à agir pour défendre celle qui, précise l'instigateur du texte, voulait "être docteure, maîtresse ou les deux".
Pour elle, la France est comme "un refuge", appuie l'eurodéputé de Place Publique, qui a même adressé une lettre manuscrite au Préfet de police de Paris. Aujourd'hui, Raphaël Glucksmann invoque la Déclaration internationale des droits de l'enfant afin que ce soit respecté "l'intérêt supérieur de l'enfant", qu'il juge primordial. "On ne déscolarise pas une fille de 10 ans et on ne prend pas le risque de la renvoyer dans son pays d'origine lorsqu'elle l'a fui pour éviter l'excision et la mutilation génitale", écrit-il. A raison : en Syrie, tout comme en Irak, au Pakistan ou en Indonésie, cette tradition barbare perdure encore et toujours.
Tel que le précise à ce titre ce rapport du Sénat, la France est à l'heure actuelle le premier pays d'accueil et d'asile "pour les femmes et les filles menacées ou victimes de mutilations sexuelles". L'association Excision, parlons-en ! précise en ce sens plus de 20 % des demandeuses d'asile en France sont originaires de pays où se pratique l'excision, indique le texte "Mutilations sexuelles féminines : une menace toujours présente, une mobilisation à renforcer". D'où l'importance d'hausser la voix "pour que Samira Diko et Aboubacar Diko puissent continuer leur vie en France", achève la pétition. L'appel est lancé.