Quand on fait réagir à ce point, c'est qu'on a touché juste. Forcément. Si Barbie est épinglé par bien des internautes pour son marketing et sa dimension de "film-produit" (quand bien même cela fait des décennies qu'Hollywood transpose des jouets sur grand écran) l'arbre cache souvent la forêt lorsqu'il s'agit d'esquiver les raisons de l'irritation pour bien des spectateurs : son ironie féministe pointilleuse et souvent ravageuse.
Car Barbie est avant tout une comédie frénétique qui use du sarcasme avec une philosophie très néoféminisme 2.0. Ce qui rend fous les conservateurs américains, affligés par le film et jamais à court d'attaques sur le web. Par exemple, Ben Shapiro, grand nom de la droite conservatrice, a dénoncé "un des pires films jamais vus, un des films les plus wokes jamais vus". Et oui, quand le mot "woke" est prononcé, personne n'est surpris.
Des réactions souvent exacerbées qui font rire, à défaut d'en pleurer, et qui ont en tout cas suscité l'hilarité d'un mec : Marc Maron, légende de l'humour US. On peut retrouver sur Netflix les spectacles stand up de l'artiste, comme "Too Real" et "End Times Fun". Aussi savoureux que du Neal Brennan.
Marc Maron a donc un message bien précis à faire passer aux détracteurs du film de Greta Gerwig, qui voient d'un mauvais oeil ses blagues antipatriarcales : ce sont de gros bébés. Tout simplement.
Le stand uper américain a deux choses très limpides à dire : primo, le film de Greta Gerwig est une "masterpiece". Deuxio, certains de ses haters aux opinions politiques bien tranchées sont surtout des "bébés peu sûrs d'eux". Les mots sont forts. Il ajoute : "le fait que certains hommes se soient offensés est tellement embarrassant pour eux".
"Le film explique en détail les idées féministes d'une manière amusante. Je n'ai jamais rien vu de tel", a analysé Marc Maron, qui s'étonne de voir de telles idées infusées dans "un produit de divertissement à large échelle". Un parasitage qui, quelque part, est "putain de monumental", pour reprendre les mots enthousiastes de l'artiste.
Et si les mecs prenaient un peu sur eux pour, simplement, écouter le discours du film, accepter son humour ? Ce serait peut être trop demander. Mais même Ryan Gosling insiste ! L'espace d'une interview très relayée sur TikTok la superstar l'avait révélé : certains mecs ont peur d'aller voir Barbie. "Des hommes viennent me voir pour m'en parler... mais ils chuchotent tous ! Ils me murmurent : 'je suis tellement excité d'aller voir Barbie'... Je leur réponds alors que c'est cool de vouloir voir le film, et qu'ils ne sont pas obligés de chuchoter !".
Malgré la mise en avant très prononcé du personnage de Ken dans le film (ce qui sert tout le discours derrière), il y a comme un malaise (un "mâlaise" ?) à travers cette réception publique. Mais alors que l'oeuvre de Greta Gerwig semble destinée, par son caractère improbable (comédie, conte philosophique, produit publicitaire, manifeste féministe), à acquérir une dimension culte, on n'en doute pas, le temps fera les choses...