Au coeur d'une interview fleuve revenant sur son expérience sur le plateau du nouveau film de Christopher Nolan, Oppenheimer, Emily Blunt a décoché une observation si cinglante qu'elle s'est érigée en catchline de l'article "Les femmes subissent toujours des pressions pour être chaleureuses et sympathiques. Les hommes, non".
Dans ce mois de juillet bousculé par le duel "Barbenheimer" - la collision au box office du Barbie de Greta Gerwig et du film mentionné plus haut - Emily Blunt semble ne pas avoir choisi son camp, et tant mieux : ses mots rejoignent en esprit toute la critique proposée par Greta Gerwig dans son long-métrage aussi pop que percutant, dénonçant à force de gags et de répliques bien senties le sexisme intériorisé (vécu par les femmes, et par les hommes), les stéréotypes de genre, les injonctions alimentées par le patriarcat...
Et l'actrice a beaucoup à dire dans cette interview qui vaut largement le coup d'oeil.
Dans les pages du Guardian, Emily Blunt se plaît à épingler les doubles standards qui persistent à Hollywood.
Et notamment le fait que l'usine à rêves se base encore aujourd'hui sur des clichés sexistes qui nous renvoient volontiers des siècles en arrière. En considérant par exemple les femmes et notamment les actrices comme "trop ambitieuses ou émotives" lorsqu'elles se contente d'exprimer leurs opinions. D'où les difficultés - malgré la mise en avant de modèles "forts" comme celui de Margot Robbie - d'imposer sa voix au sein de l'industrie...
A l'inverse, les hommes quant à eux peuvent se permettre une certaine "franchise", affirme l'actrice, car "ils ne sont pas soumis aux mêmes normes". Une assertion qui vaut pour les plateaux de tournage comme pour la scène professionnelle en général, pourrait-on dire. Aujourd'hui au comble du succès, Emily Blunt lutte pour l'égalité. Elle le suggère d'ailleurs régulièrement en interview, en abordant souvent Hollywood comme symbole éloquent.
L'an dernier, elle dénonçait ainsi un topos scénaristique, celui de la "femme forte" : pour qu'un personnage féminin sorte du lot dans les productions mainstream, il faudrait forcément qu'il soit "badass", coriace, puissant... Sans forcément plus de nuance. Très peu pour la star : "C'est la pire chose qui soit quand on ouvre un script et qu'on lit les mots : 'personnage féminin fort'. Cela me fait rouler les yeux. Ca m'ennuie !".