Tout comme nous avons tendance à nous baser sur le ton de la voix d'autrui pour connaître ses humeurs, notre cerveau utiliserait ces mêmes indices pour nous comprendre. En résumé, il semblerait que s'"entendre heureux" - que cela soit vraiment le cas ou non - nous permettrait de l'être.
Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs ont demandé à un panel de 109 volontaires de lire à haute voix une courte histoire. Puis, grâce à un logiciel pouvant transformer subtilement la voix et la restituer de manière quasi instantané, les participants ont pu entendre, casque sur les oreilles, leur propre voix travestie. Elle leur apparaissait alors soit plus joyeuse ou triste.
Avant et après l'expérience, chacun des sujets a dû remplir le même test (des questions simples portant sur leur état d'esprit) pour "mesurer" leur humeur. Et le résultat est sans appel : les personnes ayant entendu leur voix enjouée se sont révélées être de bonne humeur. Ceux dont la voix était perçue comme triste était d'humeur maussade.
Comme l'explique Jean-Julien Aucouturie, l'un des chercheurs de cette étude, "en parlant, on ne fait pas attention à notre ton émotionnel. Le cerveau envoie une commande, celle de parler, sans vérifier que le résultat coïncide avec ce qu'il a demandé. Mais il traite bien ce qu'il entend : notre voix est pour lui une source d'information sur nos émotions."
Des résultats qui ne sont pas sans nous rappeler les travaux de la psychologue américaine Amy Cudy, portant sur la signification du langage du corps et son rapport avec notre réussite professionnelle, popularisant ainsi la posture de la "Wonder Woman". Toutes ces études vont donc dans le même sens : notre comportement ne reflète pas seulement notre humeur, mais peut l'affecter. Alors, oui, vous souriez parce que vous êtes heureux mais cela fonctionne aussi dans l'autre sens.
Bien qu'il s'agisse de la première étude portant sur la relation entre l'expression et l'expérience des émotions et qu'on ne peut donc juger ces résultats comme irréfutables, les chercheurs sont toutefois optimistes. Ces premières conclusions pourraient se révéler être une possible piste dans le traitement de la dépression ou de personnes souffrant de troubles de l'humeur.
Et puis bon, même si cela peut paraître absurde comme ça, la prochaine fois qu'un coup de blues se fera sentir, dégainez vos écouteurs et passez-vous un enregistrement que vous aurez fait au préalable dans lequel vous décrivez tout un tas de choses positives et de souvenirs gais. Ca vaut le coup d'essayer, non ?