À l'instar d'Emma Watson ou de Lena Dunham, certaines femmes n'ont pas peur de mettre à profit leur exposition dans les médias pour servir la cause du féminisme et prendre ouvertement position sur les questions d'égalité entre les hommes et les femmes. Et puis, à l'inverse, il y a Susan Patton.
Connue outre-Atlantique sous le sobriquet de « Princeton Mom » pour avoir fait ses études dans la prestigieuse université de la côte Est, cette mère de famille ultra réac (et accessoirement auteure d'un livre de développement personnel) était invitée vendredi 12 décembre sur le plateau de CNN pour donner son avis sur la recrudescence des viols et agressions sexuelles sur les campus des universités américaines. Alors que l'État de Californie a promulgué fin septembre la loi « Yes means yes », qui stipule que tout acte sexuel doit être précédé par un consentement explicite des deux partenaires, Susan Patton a donné un tout autre point de vue sur la question.
« Ce ne sont plus des viols avec la menace d'un flingue ou d'un couteau. Il y a viol et viol », commence Princeton Mom. Je crois qu'il s'agit surtout de femmes qui ont beaucoup bu et qui couchent avec un homme, une relation qu'elles regrettent le lendemain. Pour moi, ce n'est pas un crime, ce n'est pas un viol. C'est une expérience d'apprentissage. »
Et lorsque la journaliste Carol Costello lui demande si elle a déjà parlé à une victime de viol, Susan Patton raconte qu'une femme lui avait dit qu'elle avait peur de mettre fin à son agression parce qu'elle était « fatiguée » et ne voulait pas perdre l'affection de l'homme. « Je suggère aux femmes d'être suffisamment intelligentes pour rester sobres et ne pas se mettre dans des situations dans lesquelles elles ne seraient pas à l'aise », conclut Princeton Mom avant d'affirmer qu'elle ne voulait pas blâmer les jeunes femmes inconscientes après avoir trop bu.
Sitôt tenus, les propos de Susan Patton ont provoqué des centaines de réactions outrées sur les réseaux sociaux. Reprochant à Princeton Mom de se livrer à la justification du viol, les internautes ont également été nombreux à accuser CNN d'offrir une libre tribune à une femme pratiquant le « slut-shaming », soit la culpabilisation des victimes d'agressions sexuelles.
Dramatique réflexion sur le viol #PrincetonMom http://t.co/lM458OtvZw
— Solenne Legros (@So_lenne) 17 Décembre 2014
Rape can be a learning experience? Why do people keep giving Susan Patton a platform to speak? #PrincetonMom #Princeton
— Zabeth (@Zabeth8) 13 Décembre 2014
Another front has opened up in the Rape Culture Wars. http://t.co/PBN5qDS2Rt #PrincetonMom
— Jasper (@jaspergregory) 12 Décembre 2014
I don't often wish physical harm upon people, but this woman.....ugh. #PrincetonMom http://t.co/5O5XuLkPpS
— Marya (@meowyaaa) 12 Décembre 2014
Cette violente polémique intervient alors que les deux agresseurs de Jada, une adolescente de 16 ans, ont été arrêtés cette semaine. Victime de viol en réunion après avoir été droguée à son insu, cette jeune fille originaire de Houston, au Texas, était devenue la risée d'Internet après que ses agresseurs l'eurent prise en photo inconsciente sur le sol, puis posté les clichés sur Twitter.
Ce n'est pas la première fois que Susan Patton s'illustre pour ses propos réac et misogynes. En avril 2013, elle avait publié un billet dans le journal étudiant The Daily Princetonian. Intitulé « Conseils pour les jeunes femmes de Princeton », elle y conseillait aux jeunes étudiantes de « trouver un mari sur le campus avant de décrocher leur diplôme ».
« Si j'avais eu des filles, voilà ce que je leur dirais », écrit-elle. « Pour la majorité d'entre vous, votre futur et votre avenir sera inextricablement lié à l'homme que vous allez épouser, et vous n'aurez jamais autant d'hommes de valeur autour de vous. » Elle en a depuis tiré un livre, Marry by Choice, Not by Chance: Advice for Finding the Right One at the Right Time, paru en octobre aux États-Unis.
>> Pourquoi "Les Crocodiles" ne sont-ils pas les bienvenus à Toulouse ? <<