L'été dernier, la réputation de l'Université de Californie du Sud (USC), réputée pour être l'une des plus sélectives du pays, était entachée par l'ouverture d'une enquête fédérale pour des signalements de viol commis sur le campus mais qui n'avaient pas été traités avec la diligence nécessaire.
Cette affaire ultra-médiatisée, et symptomatique de « l'épidémie d'agressions sexuelles » sur les campus américains, a incité la Californie à légiférer. Dimanche 28 septembre, l'État a promulgué la loi « Yes means Yes » (oui signifie oui) qui oblige les partenaires à donner « leur accord explicite, conscient et volontaire » avant toute relation sexuelle. Le but ? Protéger les jeunes femmes des agressions sexuelles, notamment si elles sont inconscientes ou sous influence de substances. « L'accord explicite ne peut être donné par quelqu'un d'endormi, d'inconscient », ou s'il ou si elle est « sous l'influence de drogues, d'alcool ou de médicaments », stipule notamment le texte de loi.
La promulgation de la loi « Yes means yes » intervient quelques semaines après que Barack Obama a lancé une campagne de sensibilisation pour interdire la « tolérance silencieuse » dont jouissent les viols sur les campus universitaires. Selon le sénateur démocrate de Los Angeles Kevin de Leon, « une femme sur cinq subit une agression sexuelle alors qu'elle est à l'université », ajoutant que « sur l'ensemble de ces agressions, seules 12% sont déclarées. Et parmi celles-ci, seule une portion des agresseurs est punie ». « Il est temps que le débat sur ce sujet soit recentré sur la prévention, la justice et la guérison. »
Du côté des universités californiennes, on approuve sans réserve la loi « Yes means yes ». « Nous sommes heureux de voir que ce projet est devenu une loi à part entière. Le consentement explicite est l'un des nombreux facteurs qui est évalué quand des violences sexuelles font l'objet d'enquêtes sur nos campus, mais c'est un facteur extrêmement important », explique la porte-parole de l'Université de Californie (UC), Dianne Klein.
Le porte-parole de l'association des étudiants de Californie (UCSA) Jefferson Kuoch-Seng s'est lui aussi « félicité » de la décision du gouverneur Jerry Brown d'avoir promulgué la loi. « C'est une étape importante dans la façon dont les université devraient traiter les victimes de violences sexuelles et leurs agresseurs, a-t-il déclaré à l'AFP. Il reste toutefois beaucoup de travail et l'UCSA va continuer à défendre, éduquer, et faire porter l'attention sur la question des violences sexuelles. »
D'autres collèges et universités, dont l'Université du Texas, Yale et de nombreux campus de l'Université d'État de New York avaient déjà adopté l'an dernier des politiques de consentement explicite. Pourtant, si la mesure prend de l'ampleur sur les campus américains, elle n'est pas exempte de défauts. Les experts en sécurité universitaire remettent notamment en question son efficacité.
« Le consentement explicite est une norme absolument nécessaire, explique au New York Times Emma Goldberg, une étudiante engagée contre la violence sexuelle à l'Université de Yale. Mais il est évidemment très difficile pour les administrateurs de statuer sur le consentement explicite des partenaires, il y aura toujours place à l'amélioration dans l'application de ces politiques. »