La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé le 6 mars dernier le remboursement futur par la Sécurité Sociale des protections périodiques, culottes et coupes menstruelles, pour les moins de 25 ans. Une mesure importante qui devrait rentrer en vigueur à partir de 2024. Importante, car telle témoigne d'un enjeu de santé majeur.
L'intention avec cette mesure est effectivement de lutter contre la précarité menstruelle. Selon la dernière enquête de l'association Règles élémentaires réalisée avec OpinionWay, auprès de 1 022 Femmes âgées de 18 à 50 ans, près d'une jeune Française sur 2 (44% des françaises menstruées interrogées de 18 à 24 ans) souffrirait de cette précarité.
Plus généralement, 3 874 019 de personnes auraient encore des difficultés, en France, en 2023, à se fournir en protections périodiques, "et donc à vivre dignement leurs règles", observe la première association française de lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles. Près de 4 millions ? C'est quasiment deux fois plus qu'en 2021, note par ailleurs Règles Elementaires, qui estimait il y a deux ans à 2 millions de femmes le taux de personnes en situation de précarité menstruelle.
"C'est impensable que des femmes ne puissent pas avoir les protections dont elles ont besoin", a déploré la Première ministre dans C à Vous sur France 5. Elisabeth Borne a également précisé que les protections en question devront être achetées en pharmacies afin de garantir leur remboursement.
Cet achat pourra se faire sans ordonnance. Mais cette mesure implique également une question : pourquoi ce remboursement se limite-t-il donc aux moins de 25 ans ?
La précarité menstruelle ne s'arrête pas à 25 ans. Cela, Règles élémentaires le rappelle régulièrement. Si l'association précise que 330 000 jeunes femmes n'ont régulièrement pas accès aux protections périodiques dont elles ont besoin, et que ces jeunes femmes sont "les premières victimes" de cette précarité, elle soutient également que ce problème est global, d'autant plus dans une situation de fragilité économique nationale.
"La situation risque de dégénérer avec l'inflation", prévient l'association, dont l'enquête nous révèle que 1,2M de personnes craignent de se retrouver dans une situation de précarité menstruelle au cours des 12 prochains mois à cause de la hausse du coût de la vie. 1,2M de personnes, c'est considérable.
D'autant plus que le chiffre précédemment cité et plus impressionnant encore de 4 millions de personnes souffrant déjà de précarité en France concerne des femmes âgées de 18 à 50 ans - preuve en est que ce phénomène ne s'arrête pas, loin de là, à l'âge précis soumis par le remboursement, mais le dépasse du double.
Enjeu économique déjà palpable puisque l'enquête nous apprend également que près d'¼ des femmes menstruées de 18 à 50 ans n'ont pas pu acheter de protections périodiques pour des raisons financières au cours de l'année, ce qui représente plus de 2,5 millions de personnes. Cela n'est pas si étonnant hélas. Car le coût menstruel est un enjeu réel et chiffrable.
Comme l'a calculé Le Monde, en estimation basse, le coût moyen des menstruations pour une femme avoisinerait 100 à 150 euros par an – soit 10 euros pour chaque période de règles. "Dix euros par mois, au moins". En tout, les dépenses en hygiène menstruelle peuvent représenter jusqu'à 5 % du budget d'une femme. Une somme qui peut s'avérer ardue à collecter pour les plus précaires...