C'est une scène qu'on aurait pu croire n'appartenir qu'aux scénarios cinématographiques les moins bien ficelés. Lors d'un coït endiablé, l'homme devient tout rouge puis décède soudainement, emporté par une crise cardiaque provoquée par l'effort. Sauf que ce trope serait bel et bien inspiré d'événements réels qui ne concerneraient pas seulement les hommes d'un certain âge.
D'après une étude britannique publiée dans la revue JAMA Cardiology le 12 janvier dernier, ce phénomène de mort subite se définit par un décès naturel survenant brutalement, qu'il y ait antécédents médicaux ou non. Les chercheur·es de la Saint George's University de Londres qui se sont penché·es sur le sujet ont examiné pas moins de 6 847 cas entre janvier 1994 et août 2020, et sont arrivé·es à la conclusion suivantes : 0,2 % des patient·es sont morts "pendant ou dans l'heure qui a suivi un rapport sexuel", soit 17 personnes exactement.
Une proportion certes infime, mais à considérer sérieusement.
Quand on regarde les chiffres de plus près, deux éléments nous sautent aux yeux : la moyenne d'âge de celles et ceux qui y ont laissé la vie, 38 ans, et le pourcentage de femmes dans le lot, 35 %. Plutôt significatif. Seulement pour beaucoup d'entre elles, si un dysfonctionnement du coeur est encore la raison de ces décès, pas de crise cardiaque à déclarer.
Dans 53 % des cas féminins, soit une bonne majorité, celui-ci aura été causé par un "syndrome de mort subite arythmique". Traduction : selon les scientifiques, il s'agit d'une "modification soudaine et anormale du rythme cardiaque chez un sujet sans antécédents médicaux". Deuxième cause la plus fréquente relevée par l'équipe : une dissection aortique, qui implique une déchirure de la paroi de l'aorte.
Pour ce qui est des autres cas, la mort est due à ce que les auteurs et autrices de l'étude appellent "anomalies structurelles". Notamment, une cardiomyopathie, "une maladie qui touche le muscle cardiaque et réduit la capacité du coeur à pomper le sang riche en oxygène vers le reste du corps", explique le site de prévention Coeur+AVC.
Malgré ces termes alarmants, l'activité sexuelle reste "relativement sûre", affirme les chercheur·es qui insistent sur la proportion extrêmement faible de cas, même pour des personnes avec antécédents cardiaques. Rassurant. On en profitera quand même pour se remémorer ou se former aux premiers secours afin d'apprendre les gestes à effectuer pour un massage cardiaque.