Les sondages le révélaient les premières semaines de ce confinement interminable (mais ô combien nécessaire) : à force d'être enfermé·e, on avait le feu aux fesses. Les Français·e·s se sont senti pousser des ailes au lit tant la proximité avec leur conjoint·e provoquait un désir charnel exacerbé. Entre deux pauses café, en se croisant dans le couloir, pendant la sieste des petit·e·s, chaque excuse était bonne à saisir pour se retrouver à quatre pattes ou contre le mur, jupe sur la tête ou jean aux chevilles. Seulement voilà, si la cadence a peut-être duré plus longtemps que deux semaines chez certain·e·s, chez d'autres, c'est retombé comme un soufflé.
On a subi une baisse de libido au même titre qu'une baisse de moral face à l'incertitude de la situation. Et puis pour ne pas arranger nos affaires, la routine n'a jamais eu un goût aussi prononcé que depuis le 17 mars. Rien de grave, et rien de moins normal non plus - il ne manquerait plus qu'on se rajoute des injonctions au sexe en plus du reste. Mais force est de constater que les ébats endiablés de notre début de confinement nous manquent.
Enfin, plus précisément : me manquent.
Il faut dire qu'avec un enfant de quasi six mois, les moments dédiés à l'intimité se raréfient. La fatigue prend le dessus, et parfois on laisse tomber les nuisettes au profit d'un plat de spaghettis bolo devant The Voice, verre de vin à la main pour tenter d'oublier le cliché dont on se moquait allègrement en début de vingtaine. Mon partenaire comme moi-même, on avait envie de changement. Et de piment.
Quelle ne fut pas ma joie, donc, quand j'ai découvert le pack de confinement de Passage du désir, sobrement intitulé "tête à tête torride". Une jolie boîte bien fournie, un beau panier garni de surprises en tout genre autour d'un sujet évident : le cul. On y trouve exactement dix articles, dont notamment trois sextoys, des jeux à gratter, un livre de kama sutra, un string fait de bonbons et des pétales de fleurs. Et puis, des pâtes en forme de pénis "king size", au cas où l'activité requiert de reprendre forces sans déroger au thème (on les a goûtées, délicieuses avec du beurre salé).
De quoi parler au plus grand nombre : les romantiques, les joueur·se·s, les foodies.
Pour être honnête, on n'a pas l'habitude d'accessoiriser nos ébats. On aime les mains, la langue, la bouche. Alors autant vous dire que l'arrivée de tout un tas de gadgets dans notre lit nous a d'abord amusés. Comme des enfants à Noël, on a déballé nos cadeaux avec un coup dans le nez, en gloussant nerveusement. Le temps de foutre à poil toutes les télécommandes pour trouver des piles à glisser dans les vibros, de disposer plus ou moins élégamment les pétales de rose en tissu sur le lit, d'allumer la bougie de massage, et on était lancés.
Les sons d'étonnement se sont vite transformés en gémissements, et le string en bonbon (intriguant mais aussi peu confortable qu'on l'imagine) n'aura pas tenu deux minutes avant de rouler au plancher.
Bon, soyons honnête : impossible de tout tester en une fois. Surtout quand on dispose d'à peu près 45 minutes avant le prochain biberon. Mais c'est amplement suffisant pour déceler des favoris. Et dans notre cas, le choix se porte deux objets. D'abord, un petit mécanisme violet (aussi la couleur du féminisme, c'est dire s'il partait gagnant) qui se glisse sur le bout de la langue pour la faire vibrer, et ce pendant 40 minutes (20 minutes chacun·e, conseil l'emballage). Subtil mais efficace, surtout quand on parcourt le corps de l'autre lentement.
On déconseillera cependant de parler avec, mais après tout, ce n'est pas le but.
Et ensuite, les cartes "Grasse mat' coquine, le jeu qui vous donne envie de rester au lit". Tout un programme.
Dans une petite boîte rouge - forcément - on trouve deux tas : les actions, et les vérités. Rien de bien innovant, on le concède, mais c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures. Et puis surtout, les consignes sont surprenantes. J'en garde une en tête : "Caressez avec votre langue la pliure arrière du genou et l'intérieur du coude de votre partenaire". De loin, ça ressemble à une partie de Twister. De près, aussi.
Mais étonnamment, ça marche. Et ça rapproche. Car celles qui excitent font vriller la séance en un coït passionné, les autres alimentent une complicité réjouissante - et rapidement jouissive. Côté vérité, je n'ai qu'un conseil : réfléchissez bien. Dans un couple gay ou hétéro, avec des phrases type : "Pensez-vous qu'un homme 'bien monté' procure plus de plaisir à son/sa partenaire ?", si on ne fait pas gaffe à sa réponse, ça peut vite tourner court.
Pour nous en revanche, la manoeuvre dans son intégralité a été un franc succès.
Au-delà des produits en eux-mêmes, l'issue positive de l'affaire vient de l'exploration commune qu'elle propose. On teste de nouvelles choses ensemble, et ça fait du bien. De surcroît dans ce contexte si particulier et voué à une routine rapidement étouffante. Evidemment, je dirai que le pack vaut le coup. Mais ce qui le rend d'autant plus alléchant, c'est la promesse de quelques instants d'un plaisir intense et partagé, qui nous font oublier qu'on attend qu'une chose : le prochain discours d'Edouard Philippe au 20 heures.
Pack confinement pour couple tête à tête torride, Passage du désir. 69 euros