Le 20 novembre, sur le plateau de l'émission Ça Commence Aujourd'hui, une femme nommée Séverine a livré un témoignage qui en a scandalisé plus d'un. Cette mère de deux enfants raconte avoir installé des caméras chez elle pour surveiller le comportement de son mari avec leur bébé alors âgé de 6 mois.
Elle évoque "les traces" qu'elle observait sur le corps de leur fille lorsqu'elle "restait seule avec son père" pour justifier cette surveillance. "Il n’y avait rien de normal dans ce qu’il faisait", ajoute-t-elle. C'est là qu'un jour, "deux minutes après son départ de l’appartement", la mère de famille raconte que les caméras ont filmé son mari entrain de "se précipiter dans la chambre avec son bébé dans les bras et aller prendre des sex toys".
Face à ces images, Séverine raconte avoir aussitôt alerté les gendarmes. Ces derniers auraient alors embarqué son mari pour "flagrant délit" et ce dernier serait resté 48 heures en garde à vue.
Si le témoignage de Séverine, concernant les faits observés sur la caméra ce jour-là, s'arrêtent ici, on en sait davantage grâce à la lettre qu'elle a adressée aux magistrats en charge de son dossier. Une lettre lue par l'actrice Alexandra Gentil dans le cadre du mouvement baptisé "l'appel des 500 mamans". "Chacune des 500 mères te raconte : Comment la justice les oblige… à "tolérer" les v!ols sur leurs enfants infligés par des pères !ncestueux dénoncés par leurs enfants", explique le collectif sur Instagram.
Dans cette lettre écrite par Séverine, on apprend que lors de sa garde à vue, l'ex-compagnon de Séverine a fait des révélations choquantes et incriminantes. "J'ai besoin de me vider, d'éjaculer tous les trois jours", a-t-il dit. Ou encore : "Quand on aime son enfant, on aime tout faire avec", a-t-il déclaré. Il aurait également reconnu son obsession pour le fait de changer la couche de leur fille et le fait d'avoir utilisé les sex toys sur lui. Des sex toys qu'on le voit essuyer, 20 minutes après avoir quitté la pièce avec son bébé, comme le racontait Séverine. En effet, des traces de son ADN aurait été retrouvé sur ces objets. Mais des traces ADN auraient également été retrouvés, sur d'autres sex toys que ceux manipulés sur les images capturées par Séverine.
Depuis, la plainte de Séverine a été classée pour "infraction insuffisamment caractérisée" et son mari a conservé son droit parental sur leur fille désormais âgée de 2 ans. Pourtant, le procureur général de Grenoble a reconnu que les faits "interrogent". Et visiblement, lorsqu'un procureur s'interroge, on ne poursuit par les recherches...
"Un juge", selon Séverine, a autorisé son ex-conjoint à voir leur fille lors de visites médiatisées, c'est-à-dire dans un lieu qui garantisse la sécurité de l'enfant et sous la supervision d'une tiers personne. Mais voilà, Séverine explique que le centre désigné par le juge "ne fait pas de visites médiatisées". "Ils m’ont expliqué qu’au bout de quatre visites, il serait seul avec ma fille, il aurait le droit de sortir du centre." Autrement dit, la visite ne serait contrainte que par le temps que le père aurait le droit de passer avec son enfant mais ne serait pas supervisée.
Pour protéger sa fille, Séverine explique avoir fait le choix "de ne pas l'emmener". Le problème, c'est que c'est interdit par la loi. "Il a déjà porté plainte pour non-présentation d’enfant, explique-t-elle. Je suis assignée à comparaître. Il y aura une audience au mois de février." Une situation qui rappelle l'affaire Nekfeu, dans laquelle le rappeur, accusé de violences conjugales par son ex-femme, l'accuse en retour de l'empêcher de voir leur enfant. On vous en parlait dans cet article.
Des éléments nous manquent pour que le puzzle de cette affaire soit complet. Quelle est la compétence du juge qui a ordonné ces visites médiatisées ? Son ordonnance autorise-t-elle le centre à modifier les modalités de la visite ? Un service de protection de l'enfance a-t-il été contacté au moment où Séverine à déposer sa plainte ? Toujours est-il que l'argument du manque de preuves étonne et que le témoignage de Séverine n'est malheureusement pas un cas isolé.
Ceest d'ailleurs ce que dénonce "l'appel des 500 mamans". "L’appel des 500 mamans est lancé pour exiger le droit de protéger nos enfants, explique le collectif sur Instagram. La justice se rend complice des v!old d’enfants en refusant de les croire, et par conséquent de les protéger." Et le mouvement précise ces chiffres glaçants : "en France, 160 000 enfants sont victimes de violences se&uelles chaque année. Les v!oleurs sont souvent les pères (27%). 1 fois sur 10 seulement les mères portent plainte."
En octobre 2024, la CIIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) a rendu un rapport accablant. "Trois enfants par classe sont victimes d’inceste chaque année en France, et 5 millions et demi de Français ont vécu des violences sexuelles dans leur enfance", indique le rapport.
Si le sujet de l'inceste demeure encore tabou, les voix commencent heureusement à s'élever, doucement mais sûrement. Des voix comme celle de Steffy Alexandrian, victime d'inceste devenue militante pour la protection de l'enfance. Un rassemblement pour défendre les droits des enfants a d'ailleurs eu lieu à Paris, le 16 novembre. Reste à ce que la Justice prenne le pas.