Oui, il existe un "fossé masturbatoire" entre les femmes et les hommes. C'est ce que démontre depuis deux ans l'étude chiffrée de la marque de sextoys Womanizer à l'occasion de la Journée Internationale de la Masturbation Égalitaire, journée féministe qui tombe ce samedi 14 août cette année, soit trois semaines plus tôt qu'en 2020 (5 septembre). Le 14 août marque le jour où les hommes et les femmes commencent à se masturber de manière "égale" pendant le reste de l'année. Et ce, d'après les conclusions d'une étude menée auprès de 14 500 participant·e·s issus de 17 pays.
Pour Womanizer, demeure une inégalité de la pratique masturbatoire entre les sexes, et donc un "déséquilibre social", qui s'explique entre autres par le tabou de la sexualité féminine "et la honte qui y est associée", détaille le rapport. Ainsi en France, le fossé masturbatoire serait de 63 % (contre 62% en 2020) et la date de la journée symbolique de la Masturbation Égalitaire tombe cette année le 18 août. Les participants masculins à l'étude se masturbent 124 fois par an (pour 104 fois l'an dernier), et les participantes 46 fois (pour 40 fois l'an dernier). A en croire cette étude, 41,4 % des Françaises ne se masturberaient pas du tout, contre seulement 19,8 % des français.
Si l'on excepte les abstinents, les hommes et les femmes français se masturberaient plus qu'en 2020. Mais l'inégalité des genres persiste cependant.
Cependant, si les chiffres ne se valent pas, l'état des lieux brossé par cette étude est relativement positif. Il nous démontre effectivement que les femmes se masturbent plus que l'an dernier, à savoir 53 fois par an (pour 49 fois l'année passée), ce qui nous donne une fois par semaine en moyenne. "C'est une différence significative et nous sommes ravis de constater une tendance à la hausse chez les femmes, heureux que l'écart masturbatoire se soit réduit", déclare Johanna Rief, responsable du "Sexual Empowerment" chez Womanizer.
A l'inverse, les hommes se masturberaient moins, et ce dans presque tous les pays sondés, à raison de 140 fois par an en moyenne (contre 154 fois l'année passée). "La France est ainsi l'un des rares pays sondés où les hommes se masturbent plus que l'an passé", note l'étude.
Un constat qui s'expliquerait par le contexte pour le moins singulier de la pandémie. "Les restrictions liées à la Covid-19 expliquent peut-être ce résultat. Ils ont par exemple moins de temps seul à la maison et donc moins d'intimité. En particulier pour les hommes, qui ont plus souvent recours à des stimuli visuels que les femmes lorsqu'ils se masturbent. Le porno est rarement un sujet de conversation dans les relations et la présence constante d'une autre personne - que ce soit le/la partenaire ou même des colocataires - peut rendre la pratique de la masturbation plus compliquée", précise Johanna Rief.
Mais par-delà des chiffres inédits, demeure une constante tout sauf réjouissante : les pressions et complexes relatifs à la masturbation féminine, qui malgré tout demeure un tabou. 34,7 % des Français·e·s sondé·e·s pensent que la masturbation est plus acceptable pour les hommes, et seulement 5 % pensent qu'elle est plus acceptable pour les femmes. 18,1 % des Français·e·s pensent que la masturbation féminine est considérée comme tabou. 25,5 % qu'elle est associée à "plus de honte et de négativité", 18,6 % qu'elle est vue comme "dégoutante et indécente".
Triste état des lieux s'il en est. Question de système patriarcal, de morale mal placée, d'interdits, et de culture également. 38,7 % des Français·e·s interrogé·e·e estiment effectivement que la masturbation masculine a été normalisée dans notre société par la culture populaire. C'est encore cet écart-là, des mentalités, qui reste à corriger.