Lorsque la jeune actrice (True Grit, Pitch Perfect 2) a révélé à ses fans qu'elle se lançait dans la musique, on s'attendait à tout sauf à un premier single entièrement dédié au plaisir solitaire féminin. Sorti en août dernier, Love Myself est un titre pop et catchy aux paroles qui ne laissent pas vraiment de place au doute : "Je vais faire passer mon corps d'abord/Et m'aimer trop fort jusqu'à ce que ça fasse mal (...) Je vais m'aimer/Non je n'ai besoin de personne d'autre".
En 2002, la carrière de notre Ophélie nationale n'a pas encore pris l'eau. Son troisième album Explicit Lyrics débarque chez les disquaires porté par un single très explicite : Tout le monde le fait. En toute décontraction, la blondinette chante : "Ok, on préfère s'isoler/Ne pas en parler/L'avouer, personne ne l'oserait/Le plaisir solitaire demeure un pêché/Cliché de facilité/Pourquoi s'en priver ?/Tout le monde le sait/Tout le monde le fait". Quelques années plus tard, Ophélie Winter finira par se moquer de la chanson lors d'une interview : "C'était une blague. Personne n'a compris que ça parlait de masturbation. J'étais morte de rire". On ne sait pas pour les autres, mais nous on avait plutôt bien capté le message, hein.
Les métaphores, Tori Amos connaît. En 1994, la flamboyante chanteuse sort son deuxième album Under The Pink. Dessus, on trouve notamment le tube Cornflake Girl, mais aussi Icicle, une chanson censée évoquer la renaissance du printemps et la spiritualité. Mais si l'on écoute mieux, on comprend vite que Tori Amos raconte aussi et surtout l'histoire d'une jeune fille qui se masturbe dans sa chambre pendant que ses parents et leurs amis de l'église sont dans le salon : "Et quand ma main touche mon corps/Je peux enfin reposer ma tête (...) Je décolle/Je décolle/Pendant qu'ils sont tous en bas".
On le sait, Lady Gaga est plutôt à l'aise avec son corps et sa sexualité. Cela ne vous étonnera donc pas d'apprendre qu'elle a dédié l'une de ses chansons au plaisir en solitaire. Dans Sexxx Dreams, paru sur son album Artpop en 2013, la Mama Monster met en musique ses fantasmes érotiques : "Quand je suis dans mon lit/Je me touche et je pense à toi/Hier soir tu étais dans mon rêve érotique/Tu faisais des choses vraiment cochonnes/Tu me faisais l'amour en rêve".
C'est l'un des plus grands succès d'Alain Bashung, peut-être le plus fascinant aussi. Souvent décrite comme une variation sur la masturbation féminine, Madame Rêve est une chanson emplie de métaphores sexuelles et poétiques telles que "Madame rêve d'artifices/De formes oblongues/Et de totems qui la punissent/Rêve d'archipels/De vagues perpétuelles/Sismiques et sensuelles". L'auteur du texte, Pierre Grillet, a beau s'être opposé à cette interprétation, on ne nous la fait pas.
Chanson bonus parue sur l'album I'm Not Dead en 2006, Fingers évoque une histoire d'amour mal en point. Insatisfaite sexuellement, l'héroïne se fait plaisir toute seule pendant que son petit-ami dort lourdement à ses côtés. Morceaux choisis : "Quand il est tard et que tu dors profondément/Je laisse mes doigts se promener/J'appuie sur le bouton et je deviens un démon/Et personne d'autre ne regarde/Je laisse mes doigts se promener (...) Je me mords la langue parce que j'ai envie de crier/J'y suis presque lorsque tu te retournes et me regarde". Bref, coupée dans l'élan.
En 2003, la célèbre Brit-Brit passe à l'âge adulte avec son quatrième album In The Zone. On y retrouve les tubes Toxic, Me Against the Music, Everytime, et au milieu de tout ça Touch of My Hand, une ballade sexy lorgnant vers le r'n'b et dans laquelle Britney découvre qu'on peut éprouver du plaisir sans l'aide de personne. Extrait : "Je m'aime moi-même/Ce n'est pas un pêché/Je ne peux pas contrôler ce qui arrive/Car je viens de le découvrir/L'imagination prend le dessus/Une journée de plus sans un homme/Et je comprends de mieux en mieux le touché de ma main (...) Je suis toute entière dans ma peau et je ne vais pas attendre/Je me sens moi-même de la façon la plus précieuse qui soit".
Dès 1990, Madonna défiait la décence en simulant l'acte masturbatoire lors de ses concerts. Mais quelques années avant – en 1985 pour être précis- elle sort une chanson qui deviendra un tube : Into the Groove. De premier abord, le titre est une invitation à la danse, et même la Ciccone, dont le rêve premier était d'être danseuse, l'affirme. Mais pour beaucoup, Into the Groove est une métaphore sur la masturbation. En cause, ces quelques paroles : "C'est seulement quand je danse que je me sens libre/Le soir je m'enferme et personne ne peut me voir/Je suis fatiguée de danser ici toute seule/Ce soir je voudrais danser avec quelqu'un d'autre". Si le mystère n'a pas encore été élucidé, Madonna a de toute façon décrété que cette chanson était stupide.
Voilà une chanson qui ne prête pas à confusion. En 1991, le groupe australien Divinyls sort son quatrième album sur lequel se trouve probablement leur plus gros succès : I Touch Myself. A l'aise dans ses baskets et sa culotte, la chanteuse Christina Amphlett chante gaiement : "Je m'aime moi-même/Je veux que tu m'aimes/Quand je me sens triste/Je te veux au-dessus de moi/Je me cherche moi-même/Je veux que tu me trouves/Je m'oublie/Je veux que tu me rappelles à moi/Je ne veux personne d'autre/Quand je pense à toi je me touche".
On est en 1993, Janet Jackson cherche à se réinventer une image plus glamour et sexy. Alors que sort son cinquième album sobrement intitulé Janet (qui lui rapporta des millions de dollars), la chanteuse titille l'imagination de ses fans avec If. Sexuellement explicite, le titre raconte l'histoire d'une jeune femme qui fantasme sur un homme qui n'a même pas conscience de son existence : "Combien de nuits ai-je passé dans mon lit à m'exciter en pensant à toi ?/J'ai fermé mes yeux et pensé à nous de cent façons différentes/Je suis passée par là tellement de fois/Jour et nuit/Nuit et jour'.