"Elle n'en a pas très enviiiie, alors je reste avec toi ma chériiiiiie"
Si vous êtes parvenu à échapper à cette chanson, vous avez de la chance : après une première écoute, vous ne pourrez tout simplement plus vous arrêter. "Ma Chérie", c'est LE gros tube du second et nouvel album d'une révélation musicale tout droit venue de Suisse : la chanteuse Stéphane, 28 ans, qui fait partie du club très fermé des femmes prénommées ainsi. Au sein duquel réside l'iconique actrice Stéphane Audran.
Stéphane compose avec "Ma chérie" le récit d'un triangle amoureux entre femmes. Avec son rythme fiévreusement pop et son refrain punchy, ce son vous saisit, donne envie de danser, d'aimer, de chanter.
Pourtant, ce qu'il relate, énonce le magazine des cultures LGBTQ Têtu, est l'un des nombreux "dramas lesbiens" au coeur de ce second album, "La prison des amoureuses malheureuses". Dit comme ça, on a l'impression de se replonger dans Portrait de la jeune fille en feu, le chef d'oeuvre de Céline Sciamma avec Adèle Haenel, romance queer qui vient de fêter ses cinq ans.
Dans un pays où règne la lesbophobie, le tube de la chanteuse suisse, et c'est tant mieux, pulvérise les charts. C'est tout simplement la deuxième chanson féminine francophone la plus écoutée en France depuis le début de l’année, se réjouit Le Parisien... Et c'est une nouvelle qui donne le sourire au lendemain de la Journée de la visibilité lesbienne.
Une journée qui a pour but de célébrer le matrimoine lesbien, la culture LGBTQ, incarnée dans la chanson francophone par Hoshi, Angèle, Pomme... Et Stéphane à l'unisson le fait avec flamboyance, à sa façon.
C'est clair que son album fait bien honneur à cette militance.
"À travers cet hymne rock mâtiné de synthés, très années 80 dans l'âme, Stéphane dresse la toile de fond de son disque, à savoir une romance lesbienne impliquant trois personnes", analysent ainsi nos confrères de Purecharts, qui partagent ce témoignage de la chanteuse : "Ma chanson, c'est un peu une histoire banale. Moi, j'aime une fille qui ne m'aime pas, donc je me contente de celle qui m'aime"
"Et je me dis ça me suffira. On va parler de ça dans cet album. Est-ce que cet amour suffira ? L'album va beaucoup parler de ce triangle amoureux et heureusement, la musique est là pour le raconter afin de mieux le vivre" énonce encore la vingtenaire sur Radio Scoop.
L'influence ? Miley Cyrus. Autre icône s'il en est de la communauté LGBTQ. Tout aussi puissant, le clip du tube, premier segment d'un court-métrage composé de trois épisodes, où la Suissesse déploie un vrai imaginaire... De lieu pénitentiaire.
Du style Orange is the new black ! Oui oui.
Une belle démonstration de "génie lesbien", pour paraphraser l'autrice, élue et militante Alice Coffin : "Le génie lesbien est une expression performative qui veut dire : "On ne baisse pas la tête". Non seulement on ose se dire lesbienne, mais en plus on le revendique de manière extrêmement positive. Et joyeuse", explique Alice Coffin dans les pages de Terrafemina.
"C'est une manière de valoriser des role models galvanisants comme pour inciter à affirmer : je veux en être, je veux être de ce combat. Dire le "génie lesbien" est enfin une forme de compensation après des années et des années d'invisibilisation massive des femmes, et des lesbiennes, dans l'histoire des "génies".