Cela fait tout pile 5 ans que Portrait de la jeune fille en feu est sorti dans nos salles. Disponible sur Netflix, cette histoire d'amour sensuelle entre une peintre et son modèle, interprétées respectivement par Noémie Merlant et Adèle Haenel, est une oeuvre majeure de la culture lesbienne. Et du cinéma français tout court en fait. Dans la peau de l'idylle figée sur la toile, Adèle Haenel trouve le rôle d'une vie, personnage très incarné, mystérieux, complexe.
A l'instar de son interprète en vérité. Car Adèle Haenel est une voix majeure du mouvement #MeToo en France, une militante féministe toujours présente au sein des manifs, et qui aujourd'hui, malgré une carrière ponctuée de deux Césars, s'épanouit davantage sur les planches, sous le regard de la metteuse en scène Gisèle Vienne. Son retrait du cinéma est un choix, notamment motivé par le sacre de Roman Polanski aux César en 2020, et "l'affaire Depardieu". Entre autres scandales, synonymes d'accusations de violences sexistes et sexuelles.
Mais cette retraite ne veut pas dire que ses consœurs l'oublient.
Bien au contraire.
Sur le plateau de Clique, Noémie Merlant s'est ainsi exprimée sur sa binôme. La comédienne est à retrouver en cette rentrée au cinéma dans la peau de la sensuelle Emmanuelle, l'héroïne du film érotique éponyme - remanié par Audrey Diwan, la réalisatrice du dévastateur L'événement, d'après le roman d'Annie Ernaux. C'est un film érotique, et féministe, sororal. Un engagement que Noémie Merlant perçoit précisément à travers Adèle Haenel. Une âme soeur du cinéma qu'elle est venue évoquer auprès de Mouloud Achour, visiblement très émue...
Comment va Adèle Haenel ?
C'est ce que Mouloud Achour a demandé à Noémie Merlant.
Et l'actrice de développer, avec pudeur, auprès de l'animateur : "Je suis désolée qu'on parle pas plus d'elle, de comment elle va, de ce qui va se passer pour elle... J'ai pas envie de parler en son nom, je pense qu'il y a des hauts et des bas pour elle en ce moment". Noémie Merlant tient surtout à partager l'admiration quelle éprouve à l'égard de sa consoeur : "Adèle Haenel, on peut lui dire merci !"
"On en parle pas assez. J'aimerais lui dire : merci. C'est la première à avoir lancé tout ce mouvement, pris des risques, s'être exprimée. Merci pour son courage. Désolée de pas être à sa hauteur...", s'est exprimée l'actrice, avec délicatesse. "Quand je dis : désolée de ne pas être à la hauteur, je ne parle pas que de moi, je parle de tout le monde..."
Arborant une coiffure d'un blond hitchcockien, Noémie Merlant est venue rappeler son soutien éternel envers son amie comédienne. Elle la juge courageuse d'avoir assumé jusqu'au bout ses convictions féministes, quitte à déserter totalement le paysage du cinéma français, malgré les prix, les compliments, l'hypothèse de futurs grands rôles médiatisés.
Difficile de ne pas rappeler ces mots d'une autre grande voix, celle de Judith Godrèche : "Quand Adèle Haenel s'est levée et a quitté la salle des César en 2020, elle aurait pu être rattrapée par une foule, mais les gens ont sans doute justifié leur passivité par sa colère. Quand on me parle de mon discours, j'ai le sentiment qu'il " convient ". Pourtant, moi aussi je suis très très en colère !...J'ai été portée par les paroles qui m'ont précédée. Adèle Haenel aurait mérité, elle aussi, le soutien de toute la salle des César, quand elle est partie. Claquer la porte, comparé à un poing dans la figure, c'est quoi ? Contre un homme, il faut trente femmes..."
A l'unisson de Noémie Merlant, on le dit : "Merci Adèle Haenel".