74 %, c'est le titre du court-métrage réalisé par Leila Macaire, dévoilé dans le cadre du Mobile Film Festival - Women's Empowerment 2020. 74 %, c'est aussi le nombre de femmes qui affirment se masturber, selon un sondage de l'Ifop mené en 2017. En 2006, elles étaient 60 % en 2006, 42 % en 1992 et à peine 19 % en 1970. Preuve, s'il en faut, que la parole autour du plaisir solitaire féminin se libère avec les années, et que sa normalisation reste essentielle.
Pendant une minute, on suit, en musique, quatre femmes qui se font du bien. Dans la baignoire alors que l'eau ruisselle sur son corps, dans le lit au réveil, dans le salon avec un aspirateur, pendant un cours de ce qui s'apparente à du yoga, ou sur sa selle de vélo en se rendant au boulot... toutes les occasions sont bonnes. Et c'est justement ce que semble promouvoir le film : la masturbation féminine concerne la très grande majorité des femmes, et les techniques pour trouver son plaisir sont aussi multiples - et parfois innovantes - que la féminité est plurielle.
Le film se conclut avec ces chiffres : "En 1970, nous étions 19 %. Aujourd'hui nous sommes 74 %. Ça vous touche autant que ça nous touche ?". Des mots et des images percutantes qui donnent envie, notamment, de se pencher davantage sur l'événement digital qui les héberge.
Le Mobile Film Festival a été créé en 2005 autour d'un concept qui tient en quelques mots : 1 mobile, 1 minute, 1 film. Pourquoi imposer l'utilisation du téléphone ? Afin de "bannir toute contrainte économique" et de "conférer un aspect démocratique et égalitaire", explique le festival. Après "Act Now on Climate Change" en 2019, l'édition 2020 se concentre sur le thème "Women's Empowerment" (L'empouvoirement des femmes).
Inspirant : le record de participation a largement été atteint, avec 1130 films venant de 101 pays dont 57 % de réalisatrices, précise Le Club de Mediapart. La sélection officielle en a retenu 60, qui se classent autour de quatre axes : les violences à l'égard des femmes, le corps des femmes, l'égalité, identité et liberté.
Cette année, le jury est présidé par nulle autre que l'actrice et réalisatrice Agnès Jaoui, et composé entre autres de l'autrice et journaliste Tania de Montaigne, l'artiste Aloïse Sauvage, la réalisatrice Anastasia Mikova (Woman) et le rappeur Oxmo Puccino.
Les votes étaient ouverts au public du 12 novembre au 3 décembre, soit autour de la Journée internationale de l'élimination des violences à l'égard des femmes, et la cérémonie, elle, aura lieu ce lundi 7 décembre. A la clé : huit prix, deux bourses d'aide à la production d'un film d'un montant de 20 000 euros chacune, et deux autres d'aide à l'écriture, d'un montant de 3 000 euros chacune.
Une façon de sensibiliser à une cause urgente, celle des droits des femmes et de l'égalité, mais aussi de révéler et de soutenir les talents de demain. Nécessaire.