Comment comprendre l’impensable ? Le suicide chez les 5-12 ans, reste un sujet tabou. Le psychiatre Boris Cyrulnik vient de rendre un rapport dans lequel il se penche sur les causes qui peuvent pousser les enfants à ces actes désespérés et avance des pistes qui pourraient permettre d’éviter ces drames. C’est la secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, qui a confié en février au psychiatre une mission sur le suicide des enfants, suite à de nombreux faits divers bouleversants.
Les statistiques officielles dénombrent ainsi entre 30 et 40 suicides par an chez les 5-12 ans. Cependant, selon Boris Cyrulnik, les chiffres réels seraient sous-estimés. Le psychiatre explique en effet qu’il faut prendre en compte d’autres morts qui semblent accidentelles mais qui ne le seraient pas. « L’entourage attribue (certains) geste(s) à un moment d’inattention ou à une mauvaise évaluation du danger alors que l’enfant savait très bien ce qu’il faisait », explique-t-il dans le Parisien. Cela représenterait au moins 70 décès par an. Les raisons de ces passages à l’acte sont multiples, qu’elles soient motivées par des facteurs sociaux, psychologiques ou même biologiques. Le rapport met l’accent sur l’importance du lien affectif qui doit entourer l’enfant, ce dès la grossesse de la mère. Mais l’encadrement dans la petite enfance est également essentiel : le psychiatre pointe du doigt l’isolement social et affectif dont peuvent souffrir certains enfants. Ceci, ajouté à une grande émotivité et à des problèmes familiaux ou à l’école, peut entraîner un acte dramatique. D’autant plus que chez les enfants, le passage à l’acte est impulsif et un petit détonateur peut engendrer une réaction extrême.
Reste que pour Borus Cyrulnik, le suicide n’est pas une fatalité. Il préconise ainsi des changements profonds dans les étapes de l’enfance, ce dès la naissance, à l’école et au sein de la famille, afin d’assurer un suivi et un encadrement des enfants. Selon le psychiatre, un suivi des mères durant leur grossesse et au moment de la naissance est indispensable, afin d’offrir aux bébés « au moins 10 mois de stabilité affective, en facilitant la prise de congés parentaux et en développant les métiers de la petite enfance ». Il recommande par ailleurs de suivre l’exemple des pays d’Europe du Nord où le rythme scolaire moins soutenu engendre moins de pression pour les enfants. Diminuer le stress subi par les enfants et assurer un encadrement affectif stable, ou du moins élargi, seraient ainsi les leviers d’action les plus efficaces selon le rapport.
Le suicide est la deuxième cause de décès chez les moins de 15 ans.
Crédit photo : Brand X Pictures
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