Si l'on vous demande de réfléchir à l'enjeu qu'est la réappropriation de l'espace public pour les femmes, il est fort probable que la première thématique qui vous vienne à l'esprit soit le harcèlement de rue. Il s'agit en effet d'un enjeu majeur et d'un vrai problème pour des milliers de femmes qui ne peuvent marcher dans la rue et se rendre où bon leur semble sans être abordées, sifflées, insultées. Juste par ce qu'elles sont des femmes.
Le problème du harcèlement de rue est universel. En 2015, l'association américaine Hollaback ! et l'Université de Cornell ont mené une vaste enquête internationale sur le harcèlement de rue auprès de plus de 16 000 femmes issues de 22 pays différents. Parmi eux, la France, dont les résultats sont édifiants : 82% des femmes interrogées lors de l'enquête ont ainsi dit avoir été victimes de harcèlement de rue avant l'âge de 17 ans. 65% d'entre elles affirment encore avoir été harcelées alors qu'elles n'avaient pas encore 15 ans. En d'autres termes, 65% des femmes en France ont déjà été regardées avec insistance, insultées, voire touchées par des hommes dans la rue ou dans les transports en commun alors qu'elles étaient encore au collège.
Les transports en commun, justement, constituent l'un des lieux où les femmes sont les plus susceptibles d'être victimes de harcèlement sexiste. Selon un rapport remis au gouvernement il y a deux ans par le Haut Conseil à l'Égalité femmes/hommes (HCE f/h), 100% des usagères des transports ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles, qu'elles en soient conscientes ou non. Dans 50% des cas, les victimes sont mineures.
Le harcèlement de rue et dans les transports en commun est un véritable enjeu d'égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant, il serait dommage de réduire la place des femmes dans l'espace public à cette seule question.
De la cour de récréation aux espaces publicitaires, en passant par les équipements sportifs et Internet, les femmes sont reléguées aux marges de l'espace public. Construit par et pour les hommes, il laisse les femmes à sa périphérie. C'est ce qu'explique au Monde Chris Blache, co-fondatrice de l'association Genre et Ville qui explore les pistes pour une réelle mixité dans la ville. "Les femmes ne sont pas absentes de l'espace public, analyse-t-elle, elles en développent une occupation particulière. Les hommes l'occupent, les femmes s'y occupent... Elles gèrent les fonctions d'accompagnement, les courses, les enfants. Elles sont rarement dans une situation de flânerie ou de détente sur un banc. Cela est lié aux injonctions que les femmes reçoivent depuis toujours. Enfants, dès la cour d'école, elles apprennent les frontières à ne pas dépasser alors que les garçons sont encouragés à oser, à se dépasser, à prendre le territoire."
Véritable enjeu de mixité et d'égalité, cet espace public au sens large est le grand thème de la quatrième édition du TEDxChampsÉlyséesWomen qui se tiendra le 3 novembre prochain à la Salle Pleyel, à Paris.
Au programme de cette grande soirée intitulée EQUALICITY, deux heures de talks au cours desquels des experts inspirants et engagés à rendre aux femmes toute leur place dans l'espace public. Mais aussi pour la première fois deux heures de workshops ouvert au public sur inscription. L'objectif ? Favoriser l'initiative citoyenne, la contribution collective et l'engagement positif afin de déclencher des actions pour répondre à l'enjeu de l'égalité dans les espaces publics.
Vous pouvez vous aussi contribuer à inventer l'espace urbain de demain en participant à cette grande soirée du 3 novembre. Faites vite, les places sont limitées.