Société
Tests de virginité en Egypte : Samira Ibrahim, 25 ans, attend le verdict
Publié le 9 mars 2012 à 14:15
Par Marine Deffrennes
C'est ce dimanche que les tribunaux militaires égyptiens rendront leur verdict dans le procès du médecin accusé d'avoir effectué des « tests de virginité » forcés sur Samira Ibrahim, une manifestante arrêtée il y a un an sur la Place Tahrir. Une affaire symbolique pour toutes les femmes violentées par l'armée.
Tests de virginité en Egypte : Samira Ibrahim, 25 ans, attend le verdict Tests de virginité en Egypte : Samira Ibrahim, 25 ans, attend le verdict© AFP/Place Tahrir
La suite après la publicité


Les deux plaintes déposées par Samira Ibrahim dépassent largement son cas personnel. Cette jeune femme de 25 ans, arrêtée avec une vingtaine d’autres sur la Place Tahrir, le 9 mars 2011, a attaqué en justice le médecin de la prison où elles ont été incarcérées pendant quatre jours. D’après les témoignages recueillis par Amnesty International, ces femmes auraient subi des violences sous la garde de l’armée –coups, décharges électriques, fouilles au corps-, mais aussi des «  tests de virginité », et des menaces de poursuites judiciaires pour prostitution.

Rendre des comptes
« Samira Ibrahim et toutes les femmes qui se sont manifestées pour demander justice doivent être applaudies pour leur courage, et les autorités égyptiennes ont un devoir envers elles, celui d’obliger les responsables présumés à rendre des comptes dans le cadre de procès équitables et transparents », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
Poursuivi pour « outrage aux bonnes mœurs » et « désobéissance aux ordres militaires », le médecin militaire sera fixé sur son sort le dimanche 11 mars. La charge pour viol figurant initialement dans l’accusation n’a finalement pas été retenue.
Mme Sharaoui rappelle en outre que « l’armée doit pleinement respecter une décision rendue par un tribunal administratif en décembre 2011, qui interdit ce type de "tests" » et que toutes « les victimes doivent par ailleurs se voir accorder des réparations satisfaisantes. »

Violences récurrentes contre les manifestantes
Les tests de virginité et les violences dirigées contre les femmes ne seraient plus des cas isolés en Egypte, provoquant l’inquiétude des associations féminines et des ONG. D’autres plaintes concernant des violences auraient été déposées par des femmes contre le Conseil suprême des forces armées. « Depuis ces événements inacceptables, qui relèvent ni plus ni moins de la torture, des manifestantes ont régulièrement été frappées, torturées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements par l’armée et les forces de sécurité égyptiennes », a rappelé Hassiba Hadj Sahraoui.

Témoignages

Une vidéo diffusée sur le Net avait notamment choqué : elle montrait une femme battue et à moitié déshabillée par les forces de l’ordre sur la place Tahrir. Azza Hilal, 49 ans, a raconté sa propre mésaventure à Amnesty International. Alors qu’elle essayait de venir en aide à une autre manifestante battue par des soldats, « elle a reçu de nombreux coups de bâton sur la tête, les bras et le dos ; après avoir fait une hémorragie, elle a perdu connaissance. Hospitalisée pendant trois semaines à la suite de cette agression, elle continue à souffrir de troubles de la mémoire. Une radiographie a plus tard révélé que son crâne avait été fracturé. Le mois dernier, elle a porté plainte contre le Conseil suprême des forces armées, auprès du ministère public, pour les blessures qui lui ont été infligées », peut-on lire dans un communiqué d’Amnesty International.

Ecarter les femmes de la contestation
Les victimes réclament à présent plus que des excuses du Conseil suprême des forces armées. D’après elles,  très peu a été fait pour traduire les responsables présumés en justice, ou pour accorder des réparations à ces femmes. Selon Amnesty International les actes de torture les mauvais traitements infligés aux femmes « exploitent la réprobation sociale associée aux violences sexuelles et à la violence liée au genre, et sont employés pour cataloguer et marginaliser les manifestantes ».

Crédit photo : AFP/Archives/Place Tahrir

VOIR AUSSI

Egypte : les frères musulmans veulent supprimer le Conseil national de la femme
Elections au Maroc : « 15% de femmes, ce n'est pas la parité »
Egypte : les images de la femme battue place Tahrir inquiètent l’ONU femmes

Mots clés
Société Monde droits des femmes
Sur le même thème
En cinq ans, le RN a gagné dix points dans l'électorat féminin : pourquoi les femmes votent extrême droite ?
femmes
En cinq ans, le RN a gagné dix points dans l'électorat féminin : pourquoi les femmes votent extrême droite ?
21 juin 2024
"Militante depuis 20 ans !", Melinda French Gates verse un milliard de dollars pour la cause des femmes
ong
"Militante depuis 20 ans !", Melinda French Gates verse un milliard de dollars pour la cause des femmes
29 mai 2024
Les articles similaires
Féminisme : mais qu'est-ce qui lie Julie Gayet à Gisèle Halimi ? play_circle
Société
Féminisme : mais qu'est-ce qui lie Julie Gayet à Gisèle Halimi ?
31 mai 2024
A Londres, les femmes noires sont davantage victimes de féminicides : pourquoi ? play_circle
Société
A Londres, les femmes noires sont davantage victimes de féminicides : pourquoi ?
29 mai 2024
Dernières actualités
"Ta mère aurait mieux fait d'avaler" : cette femme politique cyberharcelée brise le silence play_circle
Politique
"Ta mère aurait mieux fait d'avaler" : cette femme politique cyberharcelée brise le silence
12:00
"Il aurait dû prendre 20 ans" : les internautes indignés par la condamnation de Pierre Palmade play_circle
justice
"Il aurait dû prendre 20 ans" : les internautes indignés par la condamnation de Pierre Palmade
11:00
Dernières news