Presque trois mois après la fin de la révolution égyptienne qui a conduit à la chute du président Hosni Moubarak, les langues se délient quant aux agissements des autorités pendant cette période trouble. Ainsi, alors que depuis plusieurs semaines, d’anciens détenus dénoncent les coups et tortures dont auraient été victimes un groupe de femmes, Amnesty International a appelé hier les autorités égyptiennes à « traduire en justice les personnes ayant ordonné ou effectué des « tests de virginité » forcés ».
Et pour cause, un haut gradé égyptien a récemment admis que de tels « tests » avaient bel et bien été réalisés, notamment sur les femmes arrêtées le 9 mars dernier sur la Place Tahrir. Celles-ci « n’étaient pas comme votre fille ou la mienne, s’est justifié ce général sous couvert d’anonymat. Il s’agissait de filles ayant campé sous des tentes avec des manifestants mâles. Nous ne voulions pas qu’elles disent que nous les avions agressées sexuellement ou violées, alors nous souhaitions prouver qu’elles n’étaient, de toute façon, pas vierges », a-t-il poursuivi.
Qualifiant ces aveux de « justification profondément perverse d’une forme d’abus dégradant », Amnesty International a rappelé dans un communiqué que « les insinuations de ce général, selon lesquelles seules les vierges peuvent être victimes de viol, découlent d’opinions sexistes et sont absurdes d’un point de vue juridique. Lorsqu’il s’agit de déterminer si un viol a été commis, la question de savoir si la victime est vierge ou non n’a aucune pertinence ». L’association exige donc que l’armée fasse interdire ces pratiques qui ne sont ni plus ni moins que de « la torture ».
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