Commentaires inappropriés sur l'âge ou l'apparence, attouchements et demandes insistantes pour avoir des relations sexuelles. Ces formes de harcèlement sont le lot des femmes actives japonaises, révèle une enquête publiée mardi 1er mars dans l'archipel.
Commandée par ministère du Travail japonais, elle a examiné les réponses de plus de 9 600 femmes salariées de 25 à 44 ans, soumises par un questionnaire adressé par e-mail et par courrier. Inédite de par son envergure, l'enquête l'est aussi par les réponses accablantes fournies par les répondantes.
29% des Japonaises interrogées ont ainsi déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Pour 54% d'entre elles, celui se traduit par des remarques inappropriées sur leur âge ou leur apparence physique.
Autre forme courante de harcèlement sexuel constatée au travail : les attouchements, subis par 40% des répondantes. 38% ont quant à elles déjà été questionnées sur leur sexualité de la part de collaborateurs. Enfin, 27% ont déjà été invitées à dîner ou à sortir et 17% ont reçu des demandes insistantes pour avoir des relations sexuelles. Pour un quart des femmes interrogées, le harceleur s'avère être leur supérieur direct.
L'étude révèle également que parmi les femmes victimes de harcèlement au travail, seules 10% d'entre elles ont osé porter plainte. Près des deux tiers ont pour leur part expliqué n'avoir pris aucune mesure. Moins de 60% des 1700 employeurs interrogés ont quant à eux mise en place des mesures préventives ou offert aux salariées harcelées sexuellement un service de consultation.
Édifiante par les chiffres qu'elle révèle sur le fléau du harcèlement sexuel dans l'archipel japonais, l'enquête met aussi en lumière la place limitée qu'occupent les femmes sur le marché du travail. Alors que le Japon vieillit et que la main-d'oeuvre a diminué de manière conséquente ces dernières années, les femmes peinent encore s'imposer dans le monde professionnel. Aujourd'hui encore, elles n'occupent que 8% environ des postes de direction dans les entreprises de plus de 100 salariés.
Elles sont aussi discriminées en raison de leur statut de mère. En 2013, plus de 3 300 femmes ont déclaré avoir été victimes de harcèlement pour cause de grossesse de la part de leur employeur. Par ailleurs, 60% des employées quittent aujourd'hui leur poste après la naissance de leur premier enfant, généralement après avoir été poussées vers la sortie par leur employeur parce qu'elles attendent un enfant. Bien connu au Japon, ce phénomène appelé "matahara", contraction de "maternity harassment", a conduit le Premier ministre japonais Shinzo Abe à prendre en janvier dernier un certain nombre de mesures pour protéger et promouvoir les femmes au travail. Le projet de loi présenté par le gouvernement prévoyait notamment que les femmes occupent 30% des postes à responsabilité et dans la vie publique d'ici 2020.
Selon l'étude récemment publiée par le Forum économique mondial sur le gender gap, le Japon se classe 101e sur 145 nations en matière d'égalité entre les sexes.