L'amour est peut-être aveugle, mais clairement pas sans odeur.
L'odeur du parfum de l'autre qui nous obsède rapidement, l'odeur de sa peau aux premiers matins des nuits passées ensemble, ou même l'odeur des petits plats mijotés en amoureux (on n'a jamais autant aimé les pâtes aux crevettes trop cuites).
On associe un nombre incalculable de souvenirs à l'odorat, et on y replonge instantanément dès que l'on sent les premières notes d'un parfum familier. Une sorte de faille temporelle qui peut nous transporter des couloirs du métro les plus glauques à notre tendre enfance en Charente, juste en distinguant la fragrance de notre grand-père chez le voisin d'escalator.
Elle a même des vertus sociales, l'odeur, comme quand la ville de Rennes a installé des diffuseurs de parfums dans ses transports en commun pour guider ses passagers non-voyants. Senteur océanique légèrement poivrée pour une direction, fraîcheur mentholée pour l'autre. Pratique et efficace.
Mais celui qu'on préfère parmi tous ces nuages olfactifs, c'est l'odeur de la personne qu'on aime. On ne sait pas vraiment comment la décrire mais elle nous fait un effet enveloppant et rassurant dès qu'on la perçoit - fausse alerte ou pas.
Elle nous conforte, elle nous enivre, et elle nous apaise. Pas parce qu'on est complètement dépendante ou incapable de vivre sans, mais parce que ça nous fait du bien. Surtout quand on se retrouve seule chez soi et qu'on met la main sur un pull déjà porté et qui la porte aussi, son odeur. Il y a même tout un mythe sur le fait d'enfiler les fringues de son mec. Par souci d'esthétisme déjà - les vêtements trop grands étant en tête des tendances depuis plusieurs années-, et surtout parce que quand on sent l'odeur de quelqu'un, on a l'impression d'être tout près de lui.
Ce sentiment devient d'ailleurs d'autant plus réconfortant quand notre partenaire est loin du nid. Une absence qui fait souvent du bien au couple car il permet aux deux de se manquer, la terrible sensation de vide prenant tout son sens (positif) quand la personne revient. Et les papillons avec.
Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology prouve même que le fait de plonger son nez dans la chemise sale (traduction : mise une ou deux fois) de l'autre nous rendrait plus heureuse et moins stressée. C'est en tout cas ce qu'y ont démontré les scientifiques en proposant à 96 interrogées de sentir une odeur au hasard sur trois proposées : celle de leur conjoint, celle d'un·e étranger·e et une neutre. Celles qui ont opté inconsciemment pour la première option ont vu leurs hormones de stress diminuer, contrairement à celles qui ont choisi l'odeur étrangère.
Et à l'inverse ? Il semblerait que cela reste un stratagème plutôt féminin. Les femmes seraient d'ailleurs plus sensibles à ces odeurs que leurs conjoints, parce qu'elles posséderaient un meilleur sens olfactif, identifieraient mieux les parfums et les notes, ou y seraient simplement davantage sensibilisées, de par l'utilisation plus régulière de produits de cosmétique, par exemple.
Bien sûr, on peut aussi vivre nos pulsions olfactives sans avoir besoin d'excuses, ni qu'une étude les justifie avec un énième panel test. Mais c'est tout de même agréable de croire qu'en plus de sentir bon, ses vêtements nous font aussi du bien au moral.