A Toulouse, la société Ineo a été témoin d'une affaire de voyeurisme répugnante. Un pléonasme nécessaire pour insister sur le caractère écoeurant du stratagème mis en place par l'auteur des faits, qui ne s'est pas arrêté lors de la plainte des premières victimes, en novembre 2015.
Il y a près de quatre ans, plusieurs employées se sont rendu compte qu'un homme les espionnait lorsqu'elles se rendaient aux toilettes ou dans la douche de l'entreprise, par le biais de deux trous qu'il avait percés dans les cabines. Des trous dissimulés par de la feutrine, directement réalisés dans le coffre de la chasse d'eau ou dans une trappe.
"On a trouvé la trappe avec les trous. Ça a été la panique. Les managers ont prévenu la direction qui n'a pas voulu porter plainte", expliquent deux des victimes à La Dépêche. "Nous, par contre, nous avons déposé plainte mais il n'y a pas eu d'enquête. Ça a été classé sans suite par le procureur. Cet homme, que nous avions identifié, est resté travailler avec nous."
Pire, on ne les croit pas, on les traite d'hystériques, de menteuses, et même de briseuses de ménages. "On subissait des blagues graveleuses. Il a été surprotégé", ajoute l'une d'elles. Le sexisme n'a pas de limites.
La technique de l'homme était rodée : "Il y avait deux toilettes l'un à côté de l'autre. Pour nous obliger à aller là où il avait fait ses trous, il urinait tous les matins dans l'autre toilette, il y laissait des mots et des magazines pornographiques." Et le fait que les salariées l'aient démasqué ne l'a pas calmé, au contraire.
"On s'est rendu compte que le même dispositif de voyeurisme était installé au rez-de-chaussée", poursuivent-elle. "Donc, trois ans plus tard, il continuait et surtout il avait fait de nouvelles victimes à cause de la nonchalance de l'entreprise qui n'avait pas communiqué avec les filles du rez-de-chaussée."
En fin de compte, 14 femmes ont été victimes de cet homme qui de son côté, n'aura pas été inquiété avant qu'un policier du commissariat de Bellefontaine, un quartier de Toulouse, ne prenne l'affaire en charge en juin 2018. "On s'est enfin senties entendues. Il a réauditionné toutes les filles et le pervers a fini par avouer. Ça a été le soulagement", rapportent-elle à La Dépêche.
Aujourd'hui, l'homme a été licencié et sera jugé par le tribunal correctionnel de Toulouse dans les mois à venir. Selon l'article 226-3-1 du Code pénal, il risque un an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende.
Ses victimes, elles, sont toutes "suivies psychologiquement. Il nous a vues à poil sous la douche ou aux toilettes des dizaines de fois. Pendant les trois ans où il était encore là, j'avais un sentiment de peur et d'insécurité. Je me demandais quelle serait la prochaine étape. On a perdu ce sentiment de sécurité qu'on a normalement sur son lieu de travail", confie l'une d'entre elles.